Good Night in the morning

Vers 4 heures du matin, dès qu’ils entrèrent dans l’apartement Cassidy poussa un soupire soulagé et Wayne un « Aï » parce qu’il s’était coqué le front contre la porte.

Après quelques heures de manche et quelques menaces faites aux gens étranges pour accéder enfin le cartier où était l’appartement de Cassidy, Wayne avait bien eu peur en sentait l’odeur putréfié des bennes à ordure et quelques rats par ci, par là. Mais ce qui est bien avec les gens riches et mafieux, c’est qu’ils savent très bien jusqu’où le luxe peut aller. Dans un immeuble assez beau, on s’attendait à tout sauf à du carrelage blanc de 10$ le centimètre carré et les murs blancs comme le blanc des yeux d’une femme en extase.
Wayne était assez content de ne pas pourrir dans un vieux apart’ de la mort qui tue, mais à peine eut-il le temps de savourer les rondeurs du canapé planté en plein milieu du salon, qu’il se propulsa dans la salle de bains.

Se jetant comme un demeuré sous la douche il ouvrit le cours d’eau et enleva ses vêtements au fur et à mesure. Son jean n’avait plus d’espoir de survie, la brûlure avait complètement niké le tissu ne parlant même pas de sa ceinture dont le cuir s’était liquéfié. Après s’être débarrassé de toute trace de saleté avec de l’eau plus brûlante que chaude, Wayne se rendit à l’évidence que dans cet apart’ il n’y avait ni pq, ni produit de lavage, ni bouffe, ni revues pornos.
Soupirant profondément de désespoir il sortit des douches et se regarda dans le miroir où la buée commençait à se former.
- Putain qu’est ce que j’suis beau ! s’exclama-t-il en faisait un regard profond.

Regardant ses muscles et son ventre où on ne voyait qu’une petite légère couche de graisse et pas d’abdominaux, Wayne laissa courir son regard jusqu’à sa brûlure et un petit air de dégoût vient peindre ses lèvres. C’était bien moche. Et noir. S’il n’allait pas désinfecter rapidement il allait finir par moisir.
Enfilant son t shirt un peu mouillé et sentant pas très frais, ainsi que son caleçon Wayne gémit de dégoût. S’il y avait bien une chose qu’il détestait c’était de remettre des vêtements sales. Pourtant on aurait certainement dit que c’est le genre de male chauvinist qui ne se lave que lorsqu’il sort. Et bien on pouvait penser ce qu’on voulait, mais Wayne ne supportait la saleté que lors de son boulot. S’il avait pu éviter de se cradosser complètement par terre devant les quatre démons, il l’aurait fait. Le regardant, personne ne dirait que c’est un fan du ménage.
Marchant comme un canard pour toucher le moins possible les « parois » de ses vêtements, l’homme sortit de la salle de bains regardant autour pour trouver Cassidy et lui piquer des fringues.
- Cassy… Yoho, mon ami de toujours. Cassy ? Tu as rendu l’âme ?

L’autre bavait déjà sur son oreiller dans sa chambre où ses vêtements étaient en boulle par terre.
- Putain… Nan mais. Ranger ses vêtements ça te dit quelque chose ? En même temps de quoi je me mêle, c’est toi qui attraperas la peste si tu ne range pas.

Wayne ramassa les vêtements et les plia à l’arrache avant d’ouvrir de placard et de regarder les petites fringues du démon. Sur la pointe des doigts, l’homme sortit emportant avec lui son butin, c’est à dire un pantalon et un t shirt, n’ayant trouvé que des boxers. Wayne ne comprenait vraiment pas cette manie à se serrer dans de l’élastique. La liberté du caleçon, ça ! C’était du vrais.

Sur la de la cuisine il y avait une bouteille de Whisky. Certainement le démon avait ouvert et l’avait attendu un peu avant de se dire merde et d’aller se coucher. Faisant abstraction que l’alcool avait au moins une cinquantaine d’année, Wayne s’en mit sur la cuisse, hurlant comme un mini-fou. Collant ensuite un torchon douteux sur la plaie, il enfila le jean de Cassidy, hallucinant quand même parce qu’il n’arrivait pas à le refermer.
- Putain, ce connard a un mini-cul ou quoi ?

Wayne insulta une ou deux fois et enfin mit le t shirt propre qui heureusement lui allait bien.
Marchant comme un pingouin dans ce pantalon trop étroit, il se dirigea vers le canapé, avec la bouteille d’alcool.
- Bon sang, j’arrive pas à croire que quelqu’un puise avoir un cul aussi petit. Mais c’est impossible, j’arrive même pas à respirer dedans !

Se laissant tomber sur le dos, le canapé amorti heureusement sa chute.
Il s’endormit quelques secondes après, étant quelqu’un dont le sommeil était plus facile que…
Grroaaaah [ronflement]

Cassidy ouvrit les yeux et émit aussitôt un grognement mécontent à cause du soleil qui s’infiltrait par les rideaux de sa fenêtre. Il dût mettre un petit temps à réaliser tout ce qu’il s’était passé la nuit, et à se rappeler de la façon dont cette nuit plus que mouvementée s’était terminée. En dépit du fait qu’il trouvait Wayne plus que lourd, ce dernier lui avait tout de même sauvé le cul à plusieurs reprises durant toutes ces aventures, et il lui avait autorisé à venir squatter chez lui pour un petit temps… La dernière chose dont il se rappelait avant de s’être endormi comme une masse après avoir rampé jusqu’à son lit, c’était qu’il avait laissé la bouteille de whisky sur la table de la cuisine. Lorsque l’idée que Wayne avait peut-être bu tout son whisky le frappa dans son esprit, il bondit comme un fou furieux sur son lit, s’emmêlant les pieds dans les couettes, et tomba à côté du lit dans un bruit sourd suivi d’une multitude de mots pas corrects.
Enfilant son jean en sautant sur un pied jusqu’à la porte, il s’écroula une nouvelle fois une fois le seuil de la chambre passée, mais plus rien ne comptait plus que sa bouteille d’alcool. Arrivé dans le salon, il vit avec une certaine horreur le spectacle qui s’offrait à ses yeux. Wayne, habillé dans ses vêtements, était endormi à moitié sur son canapé, ou a moitié par terre, peu importe… La tête et une jambe dessus, son bras était mollement retombé dans le vide, tenant la bouteille dans sa main. Heureusement pour lui, il n’avait pas tout bu… S’approchant de lui, Cassidy lui arracha le whisky des mains en lui jetant un regard noir, mais c’était pas vraiment inutile puisque l’autre roupillait comme une marmotte.
Avec un soupir, le démon se dirigea vers la cuisine séparée du salon par un bar, mais au moment de mettre la bouteille dans le frigo, il se ravisa et but quelques gorgées en grimaçant légèrement lorsque l’alcool lui brûla la gorge. Il ne fallait pas croire qu’il avait l’habitude d’entamer les matins comme ça, mais c’était une situation particulière… Soudainement intrigué par l’heure qu’il était, il revint vers sa chambre après avoir rangé le whisky, et constata qu’il était déjà les 15h passées. Beh là c’était sûr, il ne se sentait plus du tout coupable d’avoir englouti de l’alcool au réveil. Lui qui pensait que c’était le matin…
S’éloignant vers la salle de bains, il prit une bonne douche pour se réveiller, puis une fois sur pieds et les vêtements propres enfilés, il revint dans le salon où Wayne dormait toujours.

« Waaaaaaaaayyyne, chérie je vais faire des courses » s’exclama-t-il d’une voix allant vers les aigus avec un sourire moqueur aux lèvres. « Tu peux t’occuper de la déco en attendant mon retour… »

Il passa à côté du canapé, lui jetant un bref regard en secouant la tête, puis sortit de l’appartement. Il commençait à avoir vraiment faim, et il n’y avait rien du tout à manger dans son nouveau chez lui. Après être passé au magasin qui se trouvait au coin de la rue, ce qui était d’ailleurs assez pratique, pas besoin de faire des kilomètres, Cassidy revint chez lui en tenant dans ses bras un gros sac en papier marron rempli de provisions en tout genre. Ce qui le rendait lourd n’étaient sûrement pas des cornichons, mais un pack de bière, mais il n’était pas du genre à râler pour ça…
Une fois à l’intérieur, il remarqua aussitôt que Wayne avait disparu du canapé. Posant le sac sur la table de la cuisine, il poussa un soupir soulagé, content de s’être enfin débarrassé de tout ce poids sur ses bras, puis parcourut le salon de son regard, arquant un sourcil.

« Mon amouuuuur j’suis rentré… tu veux que je te prépare des crêpes au miel et au chantilly ? » roucoula-t-il en exagérant à nouveau sur son ton. Il ne pouvait pas s’en empêcher, il était de bonne humeur ce matin… enfin, aujourd’hui tout court plutôt. « Wayne, qu’est ce que tu fous encore, t’es coincé dans la cuvette ? »
Ce dernier ne répondant toujours pas, il haussa les épaules d’un air indifférent et commença à sortir soigneusement tout ce qu’il avait acheté.

Prenant soir de ne pas faire dépasser la poudre et les bouts de sachet plastique, Wayne enroula le tout dans un torchon douteux et obtint un diamètre convenable pour un cigare puissance dix.
Ce n’était pas une cigarette, ni même un joint. Loin d’être fumable, le mélange de coton, de poudre de balle et de sachet plastique le tout arrosé avec un peu de liquide vaisselle était une recette de remède pour Wayne, en cas de manque général d’Albatros, ce qui était le cas en ce moment. Il entendit Cassy gueuler avec une voix pire que dans les doublages chinois de films pornos allemands, mais ne répondit pas, se contentant d’esquiver un sourire débile.
Il avait trouvé un pantalon plus large qui le faisait ressembler à Aladin. C’était craignant mais toujours mieux que le jean moulant de la mort qui tue. Et il avait pu se passer ainsi de sous vêtements car la perspective de son caleçon sentant la rose putréfié ne le rendait pas vraiment heureux. En parlant de vêtements, il avait tout laissé chez une vieille dame que Yoru, son supérieur lui avait indiqué. La vieille s’était saisit des valises comme si c’était à elle et Wayne s’était cassé pour aller explorer le monde et rencontrer Cassidy. Au bonheur des vieilles dames, sans insulter Zola, Wayne aimait bien faire du shopping de temps en temps, surtout au marché noir, lorsque entre deux jeans de contrefaçon tu rencontrais un petit trafiquant d’arme qui te vendait un UMAREX 850 AirMagnum à 50 dollars facile…
Lorsqu’il alluma enfin son joint conçu à partir de produit légaux, Wayne sortit de la salle de bains, ses pantalons Aladin flottant dans l’air et une fumée d’incendie dans sa bouche.
- Je veux bien des crêpes mon chou. Par contre pas de miel. Le miel de tes lèvres suffit à emballer mon cœur de pauvre admirateur tourmenté par les remords de decevoir ma mère qui espère bientôt un mariage. La chantilly, quant à elle, ce n’est rien comparé au blanc de tes yeux purs comme la vierge ! ‘Tain, j’suis trop font avoue !

Wayne rigola, tout seul en s’installant sur une chaise. Voyant la tète sceptique de Cassidy en regardant le bout de torchon brûlant entre ses lèvres, il sourit fièrement en inspirant une grosse bouffée qui lui chatouilla des bronchioles et les alvéoles.
- Cotton crasseux, poudre, sachet plastique et liquide vaisselle grenadine !

Dit-il fièrement ne prenant pas la peine d’en proposer à son interlocuteur.
C’était assez dégoûtant et ça le rendait encore plus impatient de revoir un paquet violet entre ses mains. Ah, qu’est ce qu’il aime le violet.
- Dis, tu n’est venu que pour la mallette débile remplie de billets et de dynamite ? Tu ne t’es toujours pas décidé à prendre des affaire plus sérieuses que l’assassinat de pauvres filles innocentes ? Je déconne…

Wayne sourit encore. Il savait bien que ni lui, ni Cassy n’allaient tomber dans les confidences de leurs affaires respectives, mais l’envie de parler, de se vanter et de se foutre de la gueule de leurs patrons démangeaient les lèvres de Wayne, qui intoxiqué par le joint légal étaient devenues bleues à tendance violette. Il n’y voyait pas d’inconvénient. Il aimait le violet, plus même que le blanc d’une belle paire de seins de blonde colorée en brune.
Il avait de ces idées étranges…
Alors que Cassidy continuait à ranger ses courses avec la rapidité d’une femme obéissante et soumise, Wayne garda Anormalement le silence. L’autre devait certainement être étonné, mais Wayne, trop captivé à comprendre enfin pourquoi personne ne s’était porté volontaire pour tuer la Cooper, pensait à Yoru, cette hybride italienne et chinoise qui ne lui avait pas donné qu’une photo et indiqué qu’un seul vaste endroit « USA »
En bon chien ambitieux, Wayne avait accepté, et il était loin de regretter. Mais une chose n’arrivait pas à son cerveau enfumé de liquide vaisselle. Pourquoi tuer la fille d’une femme morde y a quelques 20 ans. La rancœur et l’orgueil de la mafia était-il si grand que ça ?
Wayne ne s’était jamais considéré comme un mafieux. Etre Wayne lui suffisait bien, et son amour propre débordant faisait qu’il se défiait lui-même, à la moindre occasion, prouvant qu’il était bien mieux que n’importe quel mafieux, et qu’il valait encore moins qu’eux.

Cassidy rangeait désormais les yaourts sans conservant, sans aromatisants et sans produits laitiers et Wayne en profita pour regarder son cul en toute honnête curiosité. Soudainement il se sentit gros et démodé. C’est pour ça qu’il n’avait eut du succès avec les filles que dans les bars sombres. Reprenant une bouffé de son joint légal et soupira comme si le plus gros cul du monde venait de s’asseoir sur sa tète.
- Cas’, c’est quand que tu me donne mes Albatros si bien mérités ? Parce que j’en crève de ce liquide vaisselle grenadine…

Il était vraiment impossible, ce type. Après avoir jeté un regard des plus douteux et méfiants à la chose qui ne ressemblait même pas à un joint coincé entre ses lèvres, Cassidy se remit à son occupation du moment, ranger tout ce qu’il venait d’acheter. Et plus il déballait le sac, plus il se rendait compte qu’il n’avait pas acheté grand-chose. Il n’était pas non plus du genre à acheter des légumes variés pour se préparer un ragoût le soir, avec un tablier et une vieille chanson à la radio en fond… Mais bon, bouffer toujours du congelé fait en deux minutes au micro ondes, ça allait le gaver à force… Même s’il en était encore loin.
Rangeant les dernières provisions, il attrapa une bouteille de bière, mais en voyant le regard que lui lança Wayne, en prit une deuxième qu’il lui tendit avant de s’asseoir sur le tabouret du bar qui servait de séparation entre le salon spacieux et la cuisine. Ignorant la question que l’homme venait de lui poser au sujet des cigarettes, il fit mine de ne pas l’avoir entendu en regardant attentivement le salon et la cuisine.

«La vache, j’suis bien installé quand même» souffla-t-il rêveur en laissant son regard se promener autour avant d’avaler une gorgée de sa bière fraîche qu’il venait d’ouvrir. «Qu’est-ce tu disais ? Ah les Albatros… Beh tu m’connais voyons, quand je donne une promesse, je la tiens et je la réalise. Dans les délais raisonnables. Faut qu’on passe voir Collin, c’est un fanatique… un peu comme toi. Le problème c’est qu’il s’est fait virer de chez lui par sa femme, enfin son ex-femme… et il loge chez une fille que j’ai pas envie de revoir. Mais comme y a rien que je ferai pas pour toi, on ira là bas aujourd’hui, et je lui demanderai juste de descendre pour ne pas qu’on ait à entrer»

Fourrant deux paquets de biscuits dans un tiroir, il se laissa tomber sur le canapé moelleux, toujours la bière dans la main. C’était chouette, de vivre comme ça. C’était tout tranquille ici, même si tous ceux qui connaissaient vraiment Cassidy, savaient qu’il ne pouvait pas vivre dans la tranquillité trop longtemps. D’une façon ou d’une autre, il allait à nouveau se mettre dans le pétrin bientôt. C’était presque devenue une habitude.
Marmonnant pour lui-même des paroles d’une chanson de Linkin Park, il jeta un nouveau coup d’œil vers Wayne.
Il se demandait s’il avait bien fait de l’emmener chez lui, ce gars était tellement louche. Encore plus louche que Cassy lui-même. Il avait des attitudes bizarres, n’empêche que quand il s’agissait d’un truc important, il était un chouette coéquipier.

«Dis, Waynie, tu comptes rester chez moi pendant combien de temps ? Tu vas te casser bientôt, hein ? Au fait je t’ai toujours pas demandé ce que tu foutais à Cleveland. Allez raconte tout à ton pote adoré» minauda-t-il avec un sourire hypocrite jusqu’aux oreilles.

Peut-être que tout compte fait, il n’aurait pas dû lui demander ça. Parce que d’après ce que Cassidy avait réussi à saisir jusque là, Wayne bossait pas sur des affaires comme du trafic, ou des livraisons de valises… Des trucs inoffensifs où personne n’était censé mourir. Lui, il était plutôt… le contraire.
C’était vrai ça, il n’avait jamais fait attention avant, mais Wayne avait le prototype d’une gueule de meurtrier. Un tueur à gages super professionnel qui pouvait buter n’importe qui et n’importe quand, tant qu’on lui payait. C’était presque effrayant. Et si tout à coup, c’était lui qu’il était censé buter ? Si leur rencontre dans ce bar, c’était pas un hasard ? Si quelqu’un qui n’aimait pas Cassidy avait payé Wayne pour qu’il l’élimine ?!
Déglutissant péniblement, le démon fixa le plafond au dessus de lui, allongé sur le canapé. Il était pathétique et parano, c’était vraiment con de sa part, de penser à ce genre de choses. Enfin, il l’espérait…

Wayne souria. Oui, il souriA parce qu’à l’école il n’a jamais été bon en orthographe et encore moins en conjugaisons. Toute sa vie se résumait aux armes, aux filles et aux cigarettes. Il ne lui en fallait pas plus. C’était un homme avec une banalité particulière dans le monde mafieux. Un monde où ce genre de banalité était particulièrement apprécié.
Après la question de Cassidy, l’autre fonça les sourcils. Il avait bien envie de lui déballer tout, de raconter comme cette conne de Yoru ne lui avait donné qu’une photo, un nom et un pays de plus de 300 millions d’habitants (c’est vrai j’ai regardé sur Wikipédia)
Wayne avait envie de lui montrer la photo et de lui raconter toutes les voitures qu’il a pété pour arriver enfin à Cleveland, comme il a fait toute la route à partir de Los Angeles. Il était de nature bavarde mais son esprit peu confiant l’empêchait de merder sur la gueule de Yoru, elle qui avait refusé de se faire sauter.
Ca se trouve, Cassidy travaillait comme informateur et ses patrons voulaient tester ses compétences et son art du silence. Peut-être même, que Cassidy était désormais attiré par les meurtres et qu’il ferait le concurrence pour tuer Cooper.
Wayne fit une petite moue et but une gorgé de bière qui ne fit qu’augmenter l’hésitation de sa bouche.
- C’est pas pour une valise en tout cas… Tu sais, moi… Enfin, tu sais ce que je fais en général…

Wayne sourit et claqua des dents un peu en colère contre lui-même. Il sentait qu’il allait tout dire à ce pote âgé de Cassidy parce qu’il avait confiance. Et que jamais ce démon n’aurait pu se lier avec la mafia pour la quelle lui, il travaille. Cassidy le regarda avec un air inquiet sur les bords. Ce n’était pas le genre de Wayne d’avoir la parole difficile.
Le soupire que l’homme poussa était proche de celui d’un chien et avant qu’il ne commence à parler, il cliqua des yeux exagérément pour faire comprendre à Cassidy qu’il ne savait pas lui-même pourquoi cette folle envie de parler le démangeait comme la lèpre.
- T’es un p’tit con toi tu sais ça ? Ah lala, j’espère que c’est pas un test de Yoru, c’est ma vieille patronne. C’est dur de se faire dominer par une femme, surtout quand elle a 40 balets et ses jambes n’ont toujours aucune veine de sortie et qu’elle veut pas se les faire au moins caresser un peu, je parle même pas d’écarter…

Ca n’avait pas grande chose à voir avec le pourquoi était-il venu à Cleveland, mais au moins, si Graham était un espion, il rapportera ces compliments subtils et il aurait au moins une chance.
- Meurtre. Bien sûr que je suis venu pour mettre une petite balle dans la tète de quelqu’un. Yoru ne m’a donné que son nom, un pauvre photo et un pays, USA. Bah j’ai été de New-York à Los Angeles et de Bismarck à Houston et tout ça en bagnole, pourrie en plus. J’m’en plains pas tu sais. Si je voudrais arrêter de trouer les gens, je le fais demain, j’me marie j’ai quatre gosses et j’me fais assassiner moi et eux par mes patrons. Je suis coincé et je me demande si c’est pas mieux. Ma femme sûrement je la tromperais, mes gosses je les inciterais à fumer. Alors plutôt que de rendre malheureux des pauvres gens, je les tue. C’est dommage parce que la fille à percer est vraiment mignonne. Mais j’aurais aucun regret. Tu me connais, il ne faut pas beaucoup pour me comprendre. C’est que je n’ai pas un cœur de glace. Pas du tout, c’est que je n’ai pas de cœur. Et les chances qu’il réapparaisse s’éloignent de plus en plus en fonction de la somme qu’on me paye, et je peux de dire que c’est du beau cette fois. Je t’achèterais une voiture si tu veux, parce que je compte pas me casser aux caraïbes. J’y ai pensé, mais là-bas, qu’est ce que j’vais y foutre ?

Wayne sourit largement comme s’il venait de réciter la plus belle poésie du monde. N’ayant jamais dit à haute voix qu’il était coincé dans cette organisation mafieuse, il se sentait un peu énervé, juste assez pour casser le goulot de la bouteille de bière avec son pouce.
Ca n’avait pas fait de bruit ou autres dégâts mais c’était bien étrange de voir un tuer à gage s’énerver sans réagire violemment.
- Toi aussi t’es accros au danger et aux embrouilles. Je dirais pas que t’es comme moi, parce que ce serait te traiter de tous les noms. D’ailleurs, mon plus gros mot c’est Wayne. Atta’ atta’, quand j’suis pas contente j’dis mais Wayne ! Et j’me crois super cool, mais ça on s’en fou…

Wayne soupira devant l’allure sceptique de Cassidy. Il espérait quoi ? Que l’homme soit venu à une exposition d’art à Cleveland ? Il devait bien s’attendre à un truc louche, mais Wayne savait que Cassidy n’aurais jamais cru qu’il allait déballer tout son affaire d’une seul trait. Ce n’était pas professionnel et complètement inutile. Mais ça se voyait bien que Wayne parlai la plus part du temps aux murs et qu’avoir une conversation normale et pas à but de séduction hypocrite comme avec les filles, ou à mensonges gonflés avec les ennemis, lui faisait du bien.
- Mais si tu dis à quelqu’un que je suis venu buter une fille et que j’ai fait des mauvais compliments sur les jambes de ma patronne j’vais partire de chez toi et j’te parlerais puuuu !

Pas pour une valise, ça il le savait déjà. Wayne n’était pas du genre à se plonger dans le genre de petites affaires dont Cassidy était si gourmand. De ce côté-là, c’était presque le parfait opposé de ce qu’était Wayne. L’un pouvait tuer n’importe qui du moment qu’on le payait assez bien, l’autre était contre l’idée de tuer des humains, même de les blesser. Il était comme ça, et puis c’est tout. Il avait beau être un démon, il n’avait jamais eu des tendances meurtrières comme la plupart de ses semblables. Ca devait venir du fait qu’il était à moitié sorcier aussi…
Le fixant avec une mine intriguée et soucieuse, Cassidy resta silencieux, attendant sagement que Wayne crache enfin le morceau. Le doute qu’il avait eu il y a quelques instants, en pensant que Maddend était venu pour le tuer lui, se dissipa bien vite dans son esprit et ce fut presque avec un soulagement qu’il l’écouta alors que l’autre lui racontait ce qu’il était venu faire ici. Il ricana légèrement alors que ce dernier lui parla de voiture. Possessif comme il était, il avait été hors de questions pour Cassy que d’abandonner sa Mustang de cette manière. Il s’était occupé de prévenir des types qu’il connaissait dans le coin pour qu’ils viennent la récupérer, et d’après ce qu’ils lui ont dit, sa chérie pourrait se remettre ‘sur pieds’ dès la semaine prochaine.
Au moins une bonne nouvelle, et un peu de bonheur dans ce monde de brutes. Se relevant finalement du canapé, il revint vers la cuisine pour se mettre à fouiller dans les poches de sa veste et en sortir un paquet de cigarettes. C’était déprimant, cette histoire, il lui fallait une clope. Et même si c’était pas si déprimant que ça, et que c’était juste un prétexte, beh il lui en fallut une quand même.
S’asseyant en face de Wayne, il prit le temps d’allumer la cigarette comme ces vieux pépères qui fumaient les cigares qui puent devant les cheminées. Quand il n’était pas au travail, il détestait se précipiter. Il pouvait même paraître bizarre sur les bords, à agir de cette manière, mais de toute façon, Wayne le connaissait déjà et il n’avait pas besoin de faire quoi que ce soit de particulier pour que ce gars le trouve barge. C’était bien réciproque, après tout.

«Y a pas de risque, je vais jamais crier ça sur les toits, même si on m’obligeait. T’sais, ce genre de confidences, doivent rester… confidentielles. Mais y a pas autre chose que je peux faire pour que tu me parles plus et que tu te casses de mon appart ?» lança-t-il en arquant un sourcil avant de tirer une grande bouffée de tabac et la souffler dans la direction de Wayne. «On n’est pas pareils, et on le sera jamais. Parce qu’à l’inverse de toi vieux, je me vends pas aussi lamentablement pour un paquet de fric, quitte à tuer des gens qui peuvent se révéler innocents par la suite. T’as pas leur mort sur ta conscience ? Tant mieux, de toute façon, je ne pense pas que t’en aies une maintenant» continua-t-il en soufflant un nouveau nuage de fumée. «C’est con, parce que t’es le genre de mecs qui se font baiser à la fin et qui crèvent butés par d’autres connards, c’est un truc qui s’arrête jamais, le cercle vicieux si tu préfères. A un moment donné, t’auras aussi ta tronche sur une photo qu’on refilerait à un type louche en lui donnant une mission précise, et tu te retrouveras à la place de tous ces gens que t’as buté avant. Ce qui, sincèrement, serait assez dommage parce que j’t’aime bien Wayne, je t’assure. T’es chiant, parfois collant, tu dis des trucs qui veulent rien dire, mais t’es marrant… Maintenant, avant que je ne change d’avis, on devrait aller chez Collin pour récupérer tes putain d’Albatros qui me saoulent. Sinon je vais en faire un cauchemar» termina-t-il avec un grand sourire digne d’une publicité de dentifrice avant de se lever et de jeter le mégot de sa cigarette dans la poubelle avec un air fier de basketteur qui venait de marquer un but décisif.

Ca lui faisait un putain de bien, d’avoir dit tout ce qu’il avait sur le cœur. Il avait déballé ça sans être méchant, s’il l’aurait voulu, il s’y serait bien appliqué. Mais là, il avait enfin dit tout ce qu’il pensait, et ça faisait un de ces biens… Se retournant vers Wayne qui ne s’était toujours pas levé, il arqua un sourcil.

«Bon, tu bouges ton derrière oui ou non ? C’est pas moi qui fait une crise à cause de ces cigarettes, je te rappelle»

Il aurait bien plus apprécié la perspective de se remettre dans son lit, bien au chaud, et de dormir pour le reste de la journée. Mais une promesse était une promesse, et Cassidy tenait à ce que Wayne obtienne enfin ce qu’il avait mérité en le sortant de tout ce merdier avec la mallette qui contenait une bombe, et tout ce qui allait avec…

Ce n’était vraiment pas la peine de lui dire la vérité en face si cruellement ! Heureusement que Cassidy s’était rattrapé vers la fin en lui avouant sa flamme, parce que vers le milieu, lorsqu’il décrivait la fin de vie de Wayne, ça ne lui avait pas vraiment fait plaisir. Il le savait déjà qu’il allait finir buté. Cette espèce d’humains en voie d’extinction à la quelle il appartenait ne mourrait jamais de vieillesse. Mais ce n’était vraiment pas la peine de décrire avec autant de précision. C’est pour cela que Wayne ne se leva pas tout de suite, pr »f »rant encaisser le choc assis.
- Ouais, j’arrive pour mes Albatros d’amour…Bah j’espère que mon assassin ne sera pas trop gros… J’veux mourir avec une belle image en tète. Mais c’était cruel de ta part de me dire ça ! J’suis un garçon sensible, heureusement à la fin tu m’as que tu m’aimes. Moi aussi ! Si tu savais comment, tu resteras pas près de moi !
Wayne tapota le dos de Cassidy en souriant et soupirant comme si le monde lui tombait dessus. Un peu sur les nerfs, il avait les poings qui démangeaient à l’idée d’en coller une à Cassidy. C’est lui qui aura sa tète collé à une photo et littéralement parlé. Wayne l’aplatira et formera un moule avec du papier et la tronche du démon.

L’homme commença déjà à descendre les escaliers en faisant le plus de bruit possible, alors que l’autre verrouillait la porte.
- Cassidy tu es un BOss, tu vas m’avoir mes AlbatrOs. Cassidy t’es pas tout nUl, même si des fois j’te jure tu m’soUle !

Wayne gueulait plutôt qu’il chantait, en descendant les marches quatre à quatre il faisait un bruit digne d’un éléphant excité.
Arrivé en bas, il attendit quelques instants, le temps de Cassidy le rejoigne.
- Tu sais, je viens de penser vu que j’ai des capacité étonnantes qui me permettent de chanter et de penser en même temps. Moi si je me fais tuer par un vieux louche, ça sera bien mérité, vu que certainement j’aurais baisé la fille de 16 ans de son patron ou inciter son fils à prendre de la drogue. Mais toi Cassy, tu fous pas des choses claires non plus mais inoffensives (sauf quand je m’en mêle), alors le jour où un super démon de la mort qui tue va te griller, ça, ça sera vraiment dommage. Parce que contrairement à ma mort, ce sera de l’injustice !… Si non, la fille que t’aime pas elle est canon ? J’espère qu’elle est pas blonde, parce que ça a beau être une légende, les blondes se laissent faire plus facilement. Non que j’aime forcer mais… Euh, ouais alors elle est bien golée ou pas ?

Alors qu’ils montaient dans un taxi, Wayne fit une moue de lapin en attendant une réponse de Cassidy. Sa lèvre supérieure était complètement retourné et laissant voir ses dents blanchies par le liquide vaisselle grenadine. Sûrement s’il avait roté ça aurait fait des bulles.
- Bonjour monsieur le chauffeur, mon papa va vous dire où on va aller. Papa Cassy ?!

Le chauffeur fit les yeux ronds alors que Wayne clignait des fils comme un demeuré. Et après que Cassidy a prononcé une destination que l’autre ne l’entendit pas trop occupé à faire le con, Wayne redemanda avec une demi-voix :
- Alors elle est jolie maman ou pas ? C’était ta petite copine ? Tu l’as trompé et elle t’as giflé et t’as foutu la honte devant tes potes devant les quels tu frimes ? Elle t’as piqué de la thune ? Tu as voulu la baiser et au dernier moment tu t’es aperçue que c’était un transverstit ?

Un grand sourire hypocrite étirant ses lèvres, il le regarda sans répliquer davantage. Il avait déjà réussi à l’énerver pas mal à ce qu’il voyait, et c’était franchement suffisant pour aujourd’hui. En fait non, il lui aurait bien dit encore tout un tas de trucs qu’il a préféré garder pour lui, pour le moment, mais ça pouvait attendre. Les rancoeurs du passé ne s’étaient malheureusement pas éteintes chez le démon, et si Wayne ne lui aurait pas sauvé la vie dans ce foutu bar, - même s’il continuait à croire qu’il s’en serait sorti sans lui -, eh bien qui sait ce qu’il se serait passé. Le revoir n’avait pas éveillé que des bons souvenirs chez Cassidy, et loin de repenser avec nostalgie à ces précieux moments où tous les deux faisaient marcher à la perfection leurs abrutis d’ennemis, ou encore lorsqu’ils chantaient tous les deux à tue-tête un vieux tube qui passait à la radio, dans la voiture, tout en surveillant des types louches…, bref, il pensait plutôt à la façon dont Wayne avait contribué au merdier par lequel s’était terminé leur affaire commune. Peut-être bien que s’il n’y avait pas eu October dans l’histoire, Cassidy ne se serait jamais emporté comme ça. Et il se disait que c’était du passé, qu’il fallait oublier et passer à autre chose, mais c’était loin d’être facile. Bon, pour le moment, il valait mieux ne pas trop réfléchir à ça et essayer d’avoir des pensées plus positives. Après tout, ne disait-on pas que les pensées négatives attiraient des choses négatives ? Et il n’avait pas envie qu’ils se sautent à la gorge à cause de tout ce tas de trucs plutôt fâcheux, pas maintenant. La journée avait trop bien commencé, il aurait été dommage de la gâcher. Et puis, s’il s’énervait pour de bon, il ne pourrait pas vraiment contrôler ses pouvoirs, et il n’avait franchement pas envie de nettoyer le sang qu’il risquait d’y avoir sur les murs…

Verrouillant la porte de l’appartement, une fois dans le couloir, il ricana en entendant Wayne gueuler comme un demeuré en descendant l’escalier. S’il le gardait comme coloc’ pendant au moins une semaine – ce qui, heureusement, ne risquait pas d’arriver -, ses voisins allaient péter un câble. Surtout qu’à l’étage inférieur, y avait cette adorable petite mamie qui ne semblait déjà pas aimer Cassidy… Le jeune démon sortit dehors en écoutant qu’à moitié le discours de Wayne, occupé à regarder autour pour repérer un taxi. Qu’est ce qu’il aimait pas ça ! Si seulement sa Mustang chérie aurait été là… Les taxis c’était vraiment nul. Après un moment, il finit enfin par voir un et les deux hommes y montèrent rapidement, Cassidy ignorant toujours avec professionnalisme les questions de Wayne qui n’arrêtait pas de faire l’abruti. Bordel, il n’aurait pas dû le laisser fumer ce machin… Il était encore plus toqué que d’habitude. Il y avait sûrement des restes du savon dans sa tête, ce qui pourrait expliquer en toute logique son comportement de retardé, échappé d’un asile en plus. Après avoir dit la direction au chauffeur du taxi, Cassidy lança un regard par la fenêtre avant de tourner la tête vers son merveilleux ami qui venait de le bombarder gentiment de questions les unes plus intelligentes que les autres. Partagé entre un profond sentiment d’exaspération, et une sacrée envie de se foutre de sa gueule, il essaya de rester gentil.

« Est-ce que ça t’arrive de la fermer des fois ? » demanda-t-il sur un ton indifférent. Voyant le regard que lui lança Wayne en retour, il poussa un soupir las, résigné à lui apprendre ce qu’il voulait tellement savoir, car ce dernier risquait de devenir encore plus chiant s’il évitait le sujet. Après tout, c’était du passé, ça aussi. Maintenant qu’il y pensait, il avait vraiment une fâcheuse tendance à se rattraper à des souvenirs… « Elle s’appelle Neala et elle est pas blonde. Franchement, tu me vois sortir avec une blonde ? » fit-il avec une grimace avant de reprendre presque aussitôt, esquissant un vague sourire. « C’est une chasseuse de démons, du moins, elle l’était… Elle était censée me tuer, mais ça s’est pas vraiment passé comme ça. On s’entendait un peu trop bien malgré le fait qu’on devait s’entretuer, à la base, mais elle s’est rendue compte à quel point j’étais un super chouette type » continua-t-il avec un regard insistant lancé à son voisin du siège. « Mais j’étais tout de même trop différent d’elle et j’ai fini par me barrer sans rien lui expliquer. Je pensais qu’elle comprendrait toute seule ! Apparemment elle m’en veut… mais je ne vois vraiment pas pourquoi je te raconte tout ça, merde ! » se renfrogna-t-il en fronçant les sourcils. « Quoi qu’il en soit, quand elle est en colère cette fille, c’est pas à des gifles comme dans les films qu’on a le droit, et tu comprendras mon non-envie de la revoir après tout ce temps passé à l’autre bout de la ville. Et si l’idée de la draguer te passe par la tête, oublie la tout de suite, elle est trop jeune pour toi, et en plus, elle te cassera en deux minutes si jamais t’essaies de te comporter comme… tu vois quoi. C’est pas le genre de filles que tu fréquentes » termina-t-il avant de regarder devant lui, remarquant que le taxi roulait pas vraiment vite. Il était pas pressé, mais tout de même. « Dites, vous pourriez pas accélérer ? » lâcha-t-il à l’adresse du chauffeur en lui adressant son sourire d’hypocrite purement innocent quand ce dernier lui jeta un regard pas très aimable dans le rétroviseur.

Wayne resta un moment à réfléchire longuement et après 30 secondes un sourire excité parut à ses lèvres. Ignorant le chauffeur qui avait visiblement renoncé à l’idée d’accélérer pour faire chier son monde, Wayne émit un gloussement content.
- Cassy, tu viens de décrire ce dont j’ai, moi Wayne Maddend, le magnifique homme que je suis, a besoin. Une fille jeune, ça c’est top, jeune dans les 15 ans ou 20 ? Et qui en plus se laisse pas faire. Nooooon, je rêve en plus elle t’as mal parlé et a pas été gentille avec toi. J’vais me venger pour toi…

Wayne s’affala complètement sur le siège et cracha sur le siège avant.
- Accélère connard ou je t’attache à ta bagnole et tu vas tirer comme le cheval de « Barbie et son carrosse » !

Le chauffeur loin de se laisser faire s’arrêta et jeta un regard meurtrier.
- Je suis pas là pour me plier aux règles de petits jeunes délinquants !
- J’ai 32 ans j’te signale ! Et j’en ai baisé plus que toi et ta gueule de morue desséchée !

Wayne hurla un peu fort et sourit en se tournant vers Cassidy qui était plus inquiet d’être en retard que pour le chauffer qui allait certainement devenir le cheval de Barbie et de Ken, en l’occurrence, eux.
- Mais Cassidy, j’texplique le plan moi ! commença Wayne faisant comme si rien ne s’était passé avec le chauffeur. Tu demande à Cotelette de descendre, enfin Colin quoi. Et tu me donne le numéro de l’appart’, j’y vais et c’est réglé ! Elle pourra plus jamais courir après un gentil démon comme toi ou courir tout court …

Cassidy lui jeta un regard douteux, alors que Wayne sourit de toutes ses dents se trouvant vachement génial.
- Bon attends un peu Barbie, Ken a une petite affaire à régler.

Wayne perdit son sourire parce que l’autre ne l’avait pas complimenté sur son plan génial, après tout c’était pour lui qu’il faisait ça. Un court un instant l’homme pensa qu’il exagérait mais ce fut vraiment court. Il sortit de la voiture, manqua de se faire renverser pas une Mustang rouge que Cassidy regarda avec nostalgie, et ouvrit enfin la portière du chauffeur. Enfin, tenta d’ouvrir. Le chauffeur effrayé verrouilla la porte et appuya sur l’accélérateur. Wayne reçut la porte arrière qui était ouvert en plein bassin mais s’y accrocha pour ne pas avoir à courir.
Voilà ce que c’était de trop vouloir frimer. Il aurait pu se contenter de frapper le chauffer à l’intérieur, mais non il fallait qu’il se croit dans un western où le héros n’est jamais accroché à une portière de voiture qui roule anormalement vite.
- Aaaaaaaah, **** et ****, tu vas**** j’vais t’**** !!! Cassidy ta meuf a intérêt à vraiment être résistante pour que je me défouuuuu…

Les pieds de Wayne heurtèrent un arbre et il voyait vaguement Cassidy essayer de raisonner le chauffeur. La voiture s’arrêta et Wayne eu le temps de se rendre compte l’état de ses chaussures. Il monta un peu sonné dans la voiture, lançant un sourire anormalement de travers à Cassidy et disant vaguement quelques paroles.
- Tu vois que tu peux rouleur vite…groaul…

Wayne mit sa tète entre ses genoux et la bière du matin sortit comme par miracle. Cassidy fit une grimace dégoûté alors que la voiture commença à rouler à une allure acceptable.

Après quelques kilomètres passé dans le silence le plus puant de toute la terre, Barbie et Ken descendirent de leur carrosse engerbé.
- Le paye pas Cassidy, le paye pas j’te dis il mérite pas…

Wayne tituba jusqu’au trottoir où il s’assit en émettant des bruits étranges. C'était à se demander comment il avait survécue 32 ans.

En plus, c’était un danger public ! Peut-être bien que la mémoire lui faisait défaut, mais Cassidy ne se souvenait vraiment pas que Wayne avait été comme ça à l’époque où ils avaient travaillé ensemble. Il était déjà bien à l’ouest, mais pas à ce point là, tout de même ! Oubliant toute cette histoire à propos des cigarettes et de Neala, le démon essaya de convaincre le chauffeur de s’arrêter alors que Wayne volait accroché à la portière. A en juger ce qu’il avait dit à l’homme, et le ton qu’il avait employé pour lui parler, Cassidy se demanda un court instant si c’était pas mérité, ce qu’il lui faisait subir à ce moment, et puis sans déconner, c’était trop marrant de voir Wayne se taper la honte comme ça… Non mais qu’est ce qu’il lui prenait ? Secouant doucement la tête comme pour revenir sur terre et reprendre ses esprits pour ne pas se mettre à glousser à cause du spectacle, Cassidy redoubla d’effort pour expliquer au chauffeur qu’il ferait mieux d’arrêter la voiture. Il douta qu’il fut convaincant, en tout cas, le taxi finit par freiner, mais sûrement pas à cause de ce que disait Cassidy.

Le fixant d’un regard perplexe alors que Wayne remonta dans le véhicule, il en eut un haut le cœur en voyant les conséquences de son petit vol accroché à la portière imprévu. Alors là c’était vraiment le bouquet… Une fois que le taxi s’arrêta enfin, arrivé à destination, Cassidy sortit en trombe en manquant de se prendre le rebord du trottoir, mais se rattrapa à la dernière seconde. De l’air frais, qu’est ce que ça faisait du bien… ! Ne prenant pas la peine de regarder Wayne qui s’éloigna légèrement, le démon s’approcha de la fenêtre du chauffeur en commençant à lui parler, mais malgré l’effort qu’il fit de ne pas s’énerver, l’humain parvint tout de même à le pousser à bout. Alors que le taxi démarra rapidement et disparut au coin de la rue, Cassidy était toujours en train de le traiter de tous les noms en hurlant comme un demeuré. Il ne se calma que lorsqu’il se rendit compte qu’il devait avoir l’air très con, à crier après un taxi qui n’était plus là, debout au milieu d’une route déserte.

"Quel crétin ! Nan mais je vais lui transformer son taxi en pâté un jour, il va voir !" cracha-t-il frustré en rejoignant Wayne, restant tout de même à une distance de sécurité, au cas où ce dernier aurait envie de vider un peu plus son estomac. "Wayne, tu es… vert. Je te l’dis, t’as aucune chance de te taper Neala" gloussa-t-il avant de sortir son portable et composer un numéro. "Collin, c’est Cassidy, je suis juste en bas de ton chez toi provisoire, faudrait que tu desc… quoi ?! Comment ça tu peux pas descendre ? Une jambe cassée ? Les deux ? Tu te fous de moi ?! Ah non, c’est une, j’ai cru que t’as dis… ouais… il est hors de questions que je monte et l’ourson Waynie a le teint un peu trop pâle, j’ai peur qu’il survive pas… Et alors ?!" grogna-t-il en rajoutant quelques mots pas très gentils avant de pousser un soupir agacé. "Très bien ! J’arrive !" Refermant le clapet de son téléphone, il jeta un regard méfiant à Wayne qui restait toujours assis sur le trottoir, mais semblait se remettre peu à peu de sa petite aventure. Il allait risquer sa vie pour récupérer ses Albatros, c’était n’importe quoi ! "Bon, si je reviens pas dans dix minutes…" commença-t-il d’un ton dramatiquement inquiet en faisant de gros yeux de cocker.

C’était fou ça, en plus il fallait que Collin habite dans un quartier paumé, qui semblait complètement isolé du reste du monde. Il y avait quelques maisons au loin, vers la droite, et une plus grande et encore plus éloignée sur la gauche, on la voyait à peine, surtout qu’elle était entourée par un feuillage très épais. Il ne voulait pas crever dans un coin pareil ! Non mais c’était hors de questions, il allait juste… essayer d’expliquer à cette fille pourquoi il avait agit comme ça. Ce qui n’allait pas être du gâteau vu qu’il ne le savait pas lui-même ! Enfin, il pouvait bien inventer, non ? Piquer quelques répliques cultes des vieux films où l’héros demande pardon à sa dulcinée, et à la fin, y a le super baiser passionné avant les titres… Non, non, il était à côté de la plaque. Ou alors… Neala n’allait pas le tuer comme il le pensait, mais sauter dans ses bras. Cette perspective était plus alléchante, mais sûrement la moins probable. Ruminant ses pensées pendant un petit moment, Cassidy regarda à nouveau Wayne comme s’il le voyait pour la dernière fois avant de partir en guerre. Puis il entreprit de s’éloigner vers le petit immeuble et disparut à l’intérieur, la porte massive de l’entrée se refermant derrière lui.

Wayne resta quelques moments à contempler ses chaussures comme une œuvre d’art. Reprenant très, très lentement ses esprits, il se releva du trottoir et le monde n’était pour lui qu’un grand vaisseau sur une mère agitée. Une mer verte et étrange qui ne tarda pas à se montrer à travers la bouche de Wayne. Il dégueula d’une façon poétique et tranquille comme s’il s’y était habitué.
Se tournant vers la porte par la quelle Cassidy avait disparut, il le regretta presque. Non, il le regrettait vraiment. Sa tète tournant comme un chaton débile qui courre après sa queue. C’était sûrement l’âge qui le rendait si con que ça. Il était dans l’âge de se poser les questions existentielles sur sa vie et ses buts, enfin, pour un homme normal c’était l’âge. Lui, tout ce qu’il faisait c’était de voir à quel niveau il ne pourra plus se sortire de la merde dans la quelle il sombrait lentement comme une mouche trop gourmande sur une grasse bouse de vache.
Il bailla, plus pour se déboucher les oreilles que par sommeil, et se mit à marcher pour se dégourdire les jambes.
Il marcha un bout de temps, la tète entre les épaules, les pieds entre les chaussures et les mains dans ses poches comme s’il essayait d’imiter le bossu de Notre Dame.
Contrairement à lui Cassidy était plus encervelé. Il n’y a vraiment pas lieu à une comparaison. Cassidy se mettait dans les emmerdes qui valaient le coup, bien que l’histoire de la valise explosive n’avait pas été très fameuse. C’était comme un expert en vin et un alcoolique. Devinez qui est l’alcoolique. L’un y prend plaisir et choix est judicieux, l’autre est un accro loyal à ses habitudes.
Wayne se surprit à ne plus penser aux Albatros. C’était comme si il les avaient oublié, chassé dans un coin de sa mémoire verte car quelque chose de plus important s’était passé. Il avait beau essayer de se rappeler la chose si intéressante qui lui avait fait oublier ses Précieuses, il ne trouvait pas.
- C’est peut être cette ambiance dangereuse, ou alors j’ai vomi mon envie de clopes. Ou alors Cassidy m’a drogué. Ouais, ça doit être ça. En fait, je t’explique, Naela est une folle qui va me violer et Cassy est de mèche, il va filmer et vendre à des louches les films et se faire plein de thune… Ha, vraiment conne comme histoire.

Wayne frappa nonchalamment un caillou avec son pied qui vola dans les airs et lui retomba dessus.
- J’me fais chier.

C’était décidé, il allait se chercher quelque chose d’intéressant à faire. Cherchant avec son regard infrarouge un lieu où il pourrait y avoir de l’action, ou une maison intéressante à visiter, il fit craquer ses doigts, grimaça de douleur car son majeur avait faillit se barrer. C’était déjà un cartier avec des maisons et pas des appartements. Il y avait un jardin où des enfants jouaient et une femme enceinte les regardait avec tendresse. Et Wayne regardait ses sains gonflé par le lait avec encore plus de tendresse… Une autre maison offrait un assez mauvais spectacle avec un couple en dispute. A part ça, il n’y avait rien de très intéressant, et c’est alors que Wayne ouvrit en grand les yeux, sentant son envie de fumer monter en flèche, commençant par ses oreilles, montant à ses genoux tremblant, se glissant comme une vipère dans son bide déjà fragile et venant se pendre à ses lèvres. L’homme grommela une ou deux insultes, se sentant totalement revenu à lui depuis l’incident avec le taxi, et complètement à l’emprise de son envie de tabac.

- Moi j’aimerais des cigarettes moins cher, pour soulager un p’tit peu le port- monnaie de la grand-mère, même si j’en ai pas, Wayne calme-toi…

Il sautillait agilement sur le trottoir, chantonnant et s’éloignant de plus en plus de ces cartiers résidentiels.

La dernière maison semblait complètement oublié du monde, grise avec un pavé marron comme l’intérieur d’une cigarette. Entre l’orange et le marron, cette couleur attira Wayne qui ne tarda pas à voir son doigt appuyer sur la sonnette. Il hésitait entre casser la gueule du mec qui allait ouvrir[si tout de fois il y avait quelqu’un] ou l’implorer de lui filer des clopes aussi mauvaises qu’elles soient.

La porte s’ouvrit et Wayne resta un peu la langue pendante et les yeux interloqué face à la femme… non à la fille qui lui avait ouvert. Il avait à peine eut le temps de s’apercevoir qu’elle était en très légère tenue (mouillée) qu’il recula d’un pas, croyant à un fantôme.

- Erm… J’ai, héhé, j’ai dû me gourer.

Un rapide coup d’œil sur la boit à lettre masque sous un geste de gène très bien joué, et il réussit à lire le nom de l’habitant, non sans remercier la nature de lui avoir donné une bonne vue.
- Je croyais que c’était Hiroshi qui vivait là.

Il eut un sourire en coin luttant contre ses yeux qui voulaient se coller et se traîner sur les seins de la fille comme des escargots ou des espèces de mollusques qui se collent aux rochers.

{suite Maison de Kay}