Photographs...

Après 2 bonnes heures de sport en chambre, excellent pour garder la forme en vue de mes chasses futures, je m’étais endormie paisiblement, affalée sur le ventre.
Je m’étais laissée bercée par les ronflements d’Aaron qui s’était endormis a peu près 2 secondes et demie après s’être couché sur le dos.
J’avais ensuite rêvé de cimetière et autre endroit glauque ou j’avais habitude de traîner la nuit.
Pourtant je n’appelais plus vraiment ça ‘cauchemar’, après tout, c’était devenu une sorte normalité.

Mais bientôt je fus tirée du sommeil par du mouvement à mes côtés, puis peu après par un courant d’air froid.
Un peu de lumière venait de pénétrer dans la chambre et je mis un certain temps avant d’émerger complètement.
Lorsque ce fut le cas, j’ouvris les yeux pour ne voir devant mon nez que la petite commode a côté du lit.
Je fronçai les sourcils en me rendant compte que je percevais maintenant un ricanement grave qui venait de ma droite, près de la porte qui menait au couloir.
Je tournai lentement ma tête lourde et passai une main dans mes cheveux ébouriffé tendis que j’essayais de faire le point et de comprendre ce que je voyais se dessiner dans la pénombre de la chambre.
Je finis par distinguer plus clairement Aaron, qui se tenait debout dans l’entrée et qui observait quelque chose qui le faisait apparemment bien rire.
Lentement, je me mis en position assise et continuai de l’observer. Il ne semblais rien avoir remarqué, trop captivé qu’il était.
Qu’est ce qu’il fichait au beau milieu de la nuit à se bidonner dans le couloir ? Décidément il n’était pas net ce garçon. Mignon mais pas net.
Je plissai les yeux pour distinguer ce qu’il tenait en main et réalisai enfin ce qui était entrain de se passer.
Cet enfoiré fouillait mon putain de portefeuille ! Il allait le sentir passer !
En prenant bien soin de ne pas faire un seul bruit, je me penchai de mon côté du lit pour ramasser mon débardeur et mon boxer noir pour les enfiler dans des gestes vifs.
Je n’étais plus du tout endormie, la colère m’avait bel et bien réveillée.
Je m’approchai de la porte à pas rapide et lorsque j’allais crier au scandale et me mettre à l’insulter, je réalisai avec horreur que ce qu’il tenait en main, c’était mes photos. Celles que je ne quittai jamais.
Ce fut comme un coup de poing dans l’estomac et d’un geste sec je lui arrachai la petite suite de clichai des mains.
Il sursauta et me regarda avec de grands yeux ronds d’étonnement tendis que je fixai sur lui mes yeux plissés par la colère qui bouillonnait en moi.
Il fut encore plus surpris par cette réaction que par mon arrivée impromptue et ne souffla mot, le pouce en bouche comme un énorme bébé me fixant avec incompréhension.
Je m’avançai d’un pas menacent et vint me poster juste devant lui, levant la tête pour planter mes yeux dans les siens.

-« Touche encore à ça… et je t’étrangle » Soufflais je à voix basse, la voix tremblante de colère
Puis je lui arrachai mon portefeuille des mains et tournai les talons pour retourner vers la chambre.
J’agrippai la porte et la claquai de toutes mes forces, provoquant un claquement tonitruant.

Je bondis sur le lit, jetai mon portefeuille avec rage dans un coin sans vraiment me soucier d’où il allait atterrir et me remis sous le drap dans des gestes rageurs.
J’asseyais tant bien que mal de me contrôler et de calmer la colère dévorante qui semblait transpirer de partout.
Je n’avais pas lâcher les photos et les tenait fermement dans ma main en faisant bien attention de ne pas les froisser plus qu’elles ne l’étaient déjà.
Pourtant je me refusai à les regarder, je savais très bien ce qui se passait dans ces cas là.

Un rayon de lune qui avait réussit à déjouer les tours de la planche et des rideaux venait frapper un coin du matelas juste devant moi, faisant briller le drap blanc.
Doucement, je fis glisser ma main vers cette unique tache de lumière au milieu des ténèbres.
Les clichés m’apparurent enfin clairement et je dus me mordre la lèvre pour ne pas laisser l’émotion me submerger.
Je ne l’avais pas sorti depuis un long moment. Peut être plusieurs mois.
La plus part du temps j’essayais de refouler absolument tous les souvenirs qui me rattachait à cette période de ma vie. Les seules fois où je sortais les photos de mon portefeuille, c’était lors de mes nuits de débauche pathétique ou je vomissais sur le monde et sur ma stupide vie dans un mécanisme d’auto apitoiement complètement lamentable.
Le reste du temps elles restaient sagement rangées et je faisais semblant de ne pas les voir.

Observant plus attentivement les 4 petites images, derniers vestiges de la plus belle époque de ma vie, je me mis à sourire, une foule de souvenirs débordant de ma mémoire à une vitesse folle.
Julian et moi sortions depuis tout juste un an le jour ou nous avions pris ces photos. Elles avaient été prises dans un vieux photomaton, perdu dans une gare qui sentait l’urine et la graisse a frite.
Ce jour là, Julian avait mangé un hamburger et il avait été malade toute la nuit.

Mon sourire s’effaça lentement lorsqu’un souvenir en particulier s’imposa à moi sans que je ne le cherche vraiment. C’était l’un des plus précieux.
Dans un soupire, je décidai de ne plus lutter et fermai lentement les yeux, me dissimulant du même coup le visage de Julian.
Pourtant je n’en avais pas besoin pour l’en souvenir dans les moindres détailles.

.....

***

Je travaillais depuis maintenant 6 mois dans la salle de sport du quartier. J’avais 16 ans et demi, j’écoutais du métal gothique, je trouvais que fumer c’était très cool, je me peignais les ongles en noir et je frappais les pom pom girl de mon ancien bahus. J’avais quitté l’école l’année précédente puisque je n’y fichais plus rien depuis un sacré bail mis à part rendre fou mes profs qui avaient sûrement du fêter mon départ au champagne/caviar.
Ce jour là, comme beaucoup d’autre, j’étais collé au comptoir à l’entrée de la salle de sport. Le soleil brillait avec force, nous étions au mois de Mai, c’était un mercredi, et il devait être dans les environs de 14 heures.
Je lisais nonchalamment un magasin sur les motos, regardant avec envie une ninja kawasaki d’un bleu nuit complètement hypnotisant.
La porte s’ouvrit alors et un groupe de gars d’environs mon âge pénétra dans le hall en parlant bruyamment et en se poussant comme une bande d’abruti, un sac de sport accroché à leur épaules pour la plus part.
Je levai les yeux au ciel et empochai leur fric sans lever le nez de la caisse, mâchouillant mon chewing gum, espérant que cette bande de fils à papa dégage vite fait de ma vue.
Le groupe diminua au fur et a mesure qu’ils pénétraient dans les vestiaires.
Le dernier du groupe se posta devant moi et je tendis la main sans lever le nez, attendant qu’il me file les 5 dollars exigés pour l’heure de boxe qui allait suivre pour lui.
Le billet ne vint pourtant pas et je fini par lever la tête pour poser mon regard sur un jeune gars pas très épais, au cheveux châtain et très légèrement ondulé qui retombait sur son front.
Une toute jeune barbe venait pousser ça et là, lui donnant un petit air négligé tout a fait adorable.
Pourtant je continuai de l’observer d’un air blasé, ruminant mon chewing gum.
Lentement, je soufflai sur celui-ci et une énorme bulle rose fit son apparition pour venir exploser dans un claquement.

-« Bah quoi tu prend racine mec ? » Dis je enfin alors qu’il semblait qu’une main géante l’avait mis sur pause. Si il espérait un crédit il pouvait toujours courir.
Il émit un petit rire nerveux et se racla la gorge pour ensuite me rendre l’argent. Je l’observai, un sourcil arqué alors que Gloria Gaynor beuglait des ‘I will survive’ dans les baffles au dessus de nos têtes.
En trois clics l’argent était encaissé et je retournai à mon magasine super captivant.
Pourtant le type restait planté là, me gâchant la lumière qui venait de la porte d’entrée vitrée.
Après quelques secondes je relevai à nouveau la tête.

-« Quoi ?! » M’exclamais je en levant une main
Il prit une inspiration comme si il allait parler, puis sembla se raviser et se retourna pour se diriger vers les vestiaires.
Je l’observai s’en allez, intriguée, puis continuai de l’observai lorsqu’il revint vers moi dans un même mouvement, comme si un élastique invisible l’avait a jamais enchaîner au comptoir.
Il s’était un peu empourpré durant son petit tour de manège et n’osait désormais plus me regarder dans les yeux que 2 secondes sur 5.
J’haussai les épaules l’air de dire ‘ben quoi ?’
Il y eu un silence puis il se décida enfin à causer, couvrant la voix de Gloria durant quelque instant.

-« Je m’appelle Julian » Fit il d’une voix dérayant d’adolescent.
Ce fut si soudain et inattendu que je pus m’empêcher de sourire.
Alors c’était ça son mystérieux comportement. Il avait découvert son pénis et voulais, en conséquence, draguer une fille. Moi, en l’occurrence.
-« Ok, c’est cool pour toi Julian. Mais les vestiaires c’est de ce côté » Lui dis je en prenant tout de même bien soin d’être aimable.
Après tout il était foutûment mignon.
Il devint alors rouge écarlate et après un instant d’hésitation, il marmonna un ‘d’accord’ et se détourna pour rentrer une bonne fois pour toute dans les vestiaires.
J’hochai la tête avec amusement en reprenant la mastication consciencieuse de mon chewing gum, et la contemplation de mes motos sur les pages glacée de mon bouquin.

Une heure et demi en plus tard, la porte bleu au fond de la pièce, sorties du hall des douches, s’ouvrit pour laisser sortir la même bande de connards bruyant et bousculant. Les mecs adoraient faire ça.
Cette fois, je cherchai discrètement des yeux mon soupirant pour voir si il m’avait déjà oublié en une heure de temps.
Il traînait encore une fois à l’arrière du groupe, faisant clairement semblant de fouiller dans son sac non loin de mon comptoir.

-« Julian, tu viens ? Qu’est ce que t’es lent aujourd’hui !! » S’exclama un grand black au dent ultra blanche qui gardait la porte d’entrée ouverte.
-« Ouais, je viens, je… j’arrive attend »
Le black me jeta alors un coup d’œil puis se retourna à nouveau vers Julian et haussa une épaule.
-« Je t’aurais prévenu mec » Soupira t’il avant de s’éloigner en hochant la tête d’un air désolé
Je jetai un regard noir dans sa direction, ayant parfaitement conscience de ce dont il parlait.
Quand on s’appelait Cosentza dans ce quartier, on n’était pas vraiment bien vu.

Julian, jetant des petits regards à la porte qui maintenant ne montrait plus que la rue, les voitures et les passants s’approcha de moi.
Je pris une air très indifférent et lui adressai un petit sourire.
-« Alors ? Encore perdu ? » Dis je pour engagé la conversation puisqu’il avait apparemment de nouveaux du mal à s’y mettre.
Il me sourit à son tour et se racla la gorge.
-« Pas vraiment en fait » Avoua t’il
Puis il désigna la porte du pouce.
-« Mon copain est pas discret… il m’a grillé »
Je souris en coin, puis d’un geste lent, refermai mon précieux magasin, ayant trouvé plus attrayant.
-« Moi c’est Lou » Lui dis je ensuite
-« Je sais » Me répondit il en triturant la lanière de son sac.
Il y eu un silence puis il daigna relever les yeux vers moi.
-« En fait, voilà,… hem… samedi soir, moi et… et d’autre copain on va chez Belie’s. Tu sais le bar sur le boulevard. Et… enfin si tu veux venir… si tu veux pas c’est pas grave mais si tu veux venir, ce serait cool…… voila » Conclu t’il enfin
Je l’observai, les yeux plissés, un léger sourire aux lèvres, puis après 20 bonnes secondes, j’haussai les épaules.
-« On verra… p’tètre » Lui dis je d’un air peu emballé.
En réalité c’était une stratégie qui avait déjà fait ses preuves. Paraître désintéressée ça fonctionnait bien mieux.
-« Ok… cool !... alors … p’tètre à Samedi »
-« Ouais » Fis je en m’adossant à mon siège pour le regarder partir.
Il ne cessait me jeter des regard en biais, marchant le plus lentement possible.
Evidement comme il ne regardait pas où il allait il s’était prit la porte, et j’avais explosé de rire en me jurant de réserver mon samedi soir.

C’était la toute première fois que l’on s’était parlé. Moi je ne l’avais même jamais remarqué avant ça. C’est fou ce qu’on peut être idiot a cet âge. Si j’avais su…

***

Je rouvris vivement les yeux, me rendant soudain compte que je n’étais plus toute seule dans ma chambre et qu’Aaron avait refait son apparition.
Je décidai ne le nier complètement et de faire semblant de dormir. Je ne voulais pas qu’il pose de question.
Pourtant la colère m’avait désertée aussi vite qu’elle était apparue et il ne restait plus que l’immense vide sans fin qu’avait laissé Julian...

En l'espace de quelques secondes, la situation avait complètement dégénéré et il s'était retrouvé en caleçon dans le couloir alors que la porte de sa chambre se refermait avec force juste devant son nez, lui envoyant un bon coup de vent.
Il resta planté comme un con un bon moment, les sourcils levé dans une expression incrédule, son doigt toujours fiché dans sa bouche.
Putain de merde c’était quoi son problème ? Tout ce qu’il avait fait c’était regarder des photos. Peut-être qu’elle était vexée qu’il l’ait vu comme ça. C’était sûrement raté pour l’imitation du homard maintenant…
Lentement, il laissa son bras retomber le long de son corps, poussant un long soupire en remuant la tête d’un air atterré. Décidemment il ne comprendrai jamais rien à ces trucs bizarres qu’on appelait des femmes !
Et puis merde quoi c’était que des photos qu’est-ce qu’allait pas chez elle ?
L’étrangler, l’étrangler…elle était pas obligée d’arriver à de telles extrémité non plus ! Putain elle baisait bien mais qu’est-ce qu’elle avait sale caractère.
En plus elle venait mine de rien de le foutre dehors un peu là…
Le ventre d’Aaron se mit à gargouiller à nouveau, le tirant de ses pensées et fixant toujours la porte, le jeune homme porta inconsciemment son doigt à ses lèvre pour lécher le sang qui le maculait.
Ouais putain il avait faim. Elle avait faillit le lui faire oublier avec ses conneries !

Le jeune homme tourna les talons en tiquant d’agacement puis se dirigea d’un pas rapide vers l’escalier…pour finalement se figer en haut des marches.
Il jeta un regard en arrière, observant à nouveau la porte qu’elle avait claquer un instant plus tôt après avoir menacé de le tuer s’il touchait à nouveau à ses photos.
C’était chiant mais il se sentait coupable.
De quoi ? Ca il en savait foutrement rien !
Il avait énervé Lou en regardant les clichés c’était indéniable quand à savoir pourquoi elle avait craqué pour ça...Peut-être qu’elle n’aimait simplement pas qu’on fouille dans ses affaires. Non c’était autre chose. C’était les photos. Y’avait un truc avec les photos. Peut-être que c’était en rapport avec le type qui était dessus avec elle.
Il l’avait sûrement laisser tomber et elle le vivait mal.
Ou bien peut-être qu’il l’avait trahit et qu’à cause de lui elle s’était fait refaire le portrait par de grands types baraqués qui l’avaient laissé à moitié morte sur une route de campagne…ah non ça c’était lui et Nikki. Mais ça restait possible tout de même. C’était un peu tordu mais bon.

Aaron se mordit la lèvre, l’air hésitant. Il avait foutuement faim mais d’un autre côté Lou semblait vraiment en pétard et c’était sa faute. Il ne voyait pas encore ce qu’il avait fait de mal mais il avait fait une grosse connerie c’était certain. Finalement, il leva les yeux au ciel et abandonna les escaliers pour retourner vers la chambre. Son estomac se mit à grogner son mécontentement mais il essaya de ne pas y prêter attention.
Il se tenait maintenant devant la porte, la main levée pour frapper sur le bois clair. Putain il allait toquer à la porte de sa propre chambre c’était quoi ce bordel !?
Aaron leva les yeux au ciel et, ravalant sa fierté, il frappa doucement.
Putain ce qu’il devait avoir l’air con en caleçon dans ce putain de couloir à supplier devant la porte...
Il patienta sagement durant une poignée de secondes, poussant parfois quelques soupires, agitant nerveusement ses doigts et finalement il décida de se risquer à entrer. Après tout c’était un loup ! C’était pas une petite bonne femme aux aires rebelles qui allait faire la loi chez lui non mais putain !

Le jeune homme pénétra donc dans la chambre, y faisant entrer la lumière. Lou avait réintégrer le lit et il pouvait discerner sa silhouette sous les draps. Elle lui tournait le dos. Il fronça les sourcils, se demandant si elle dormait ou non et après un instant, décida de s’approcher, poussant la porte derrière lui et les plongeant à nouveau dans une obscurité quasi-totale.
Il passa une main dans ses cheveux et se racla la gorges sans discrétion pour attirer l’attention de la jeune femme mais elle ne réagit pas le moins du monde. Peut-être qu’elle s’était rendormie ?
Aaron tendit l’oreille et l’écouta respirer un moment.
Non elle ne dormait pas.
Le lycan se mordit la lèvre nerveusement et continua de la fixer, se raclant à nouveau la gorge avec plus de conviction. Une fois de plus ce ne fut pas une réussite.
Putain il allait tout de même pas falloir qu'il s'excuse…si ?
Il n’avait rien fait de mal, le portefeuille était tombé à ses pieds et il avait trouvé les photos. Elle avait qu’à pas laisser traîner ses affaires partout aussi !
Bon ok c’était une excuse bidon, il avait juste merdé.

Prenant son courage à deux mains, il grimpa sur le lit et s’approcha prudemment de Lou, s’allongeant derrière elle par-dessus les draps. Il resta sur le flanc un moment, accoudé au matelas, observant la nuque de Lou et cherchant un truc pas trop con à dire.
Le « tu dors ?» aurait été un peu stupide et le « j’m’excuse d’avoir regardé tes photos » il n’était pas prêt de le cracher.
Putain c’était chiant une fille !

-"Tu boude ?" Chuchota t'il doucement en se rapprochant un peu plus d'elle.

Bon ok maintenant c'était sûr, il était complètement naze. Il aurait mieux fait de s'en tenir au traditionnel « tu dors ?»...

-"Les photos sont tombées du portefeuille, j’ai pas fouillé." Ajouta t’il ensuite.

Ouais c’était un gros mensonge et alors ? Elle était pas censé le savoir !
Pourquoi est-ce que dans la vraie vie il n’y avait pas de super scénariste pour vous écrire des répliques super pertinentes pour que vous ne passiez pas pour un gros con ?

-"T'étais migonne dessus. Si tu veux j'te montre une photo compromettante de moi pour qu'on soit quitte." Tenta t'il en esquissant un sourire.

Il avait touché le fond mais creusait encore...

Il était évident que je ne dormais pas. Seul Aaron était capable de s’endormir en moins de 2 minutes. Lorsqu’il s’allongeât à côté de moi et qu’il fut devenu évident qu’il voulait ‘qu’on en parle’, je rouvris les yeux sans pour autant esquisser un mouvement.
Je ne boudais pas vraiment, en réalité j’avais du mal à m’arracher à mes souvenirs, je rechignais à les quitter, délaissant Julian encore une fois pour revenir à la réalité.
Je poussai un long soupire, réagissant a peine à ses essais de rétablir le contacte.
Après tout je ne devais pas me plaindre, d’ordinaire, après ce genre de moment, lorsque je revenais sur terre, j’étais toute seule et il ne restait plus que le vide morne et froid.
Cette fois-ci, Aaron était là, distrayant mon attention des sombres pensées qui me rongeaient l’esprit.
Je me couchai sur le dos et plongeai mon regard dans les yeux gris du jeune homme qui m’observais d’un air interrogateur, attendant une réaction de ma part autre qu’un face à face silencieux.
Je gardai cette position un moment, puis enfin, baissai les yeux, me mordillant la joue.
Sans desserrer les dents à nouveaux, je me levai lentement, puis me dirigeai vers le coin de la pièce où j’avais entendu mon portefeuille tomber.
Je soulevai un jean, un basket et un bouquin pour enfin le voir se dessiner, tache noir dans la pénombre de la chambre.
Je le ramassai et l’ouvris pour revenir sur le lit où j’avais laissé les petites photos. Je les pris et lentement, observant avec regret le visage de Julian disparaître pour je ne savais combien de temps encore, je glissai les clichés dans la poche à billet.
Après cela, je déposai doucement l’objet sur la table de chevet.

Il y eu alors un silence un peu gênant. Je détestai me sentir en position de faiblesse.
Je passai une main dans mes cheveux, puis me dirigeai vers la porte que j’entre ouvris dans un faible grincement.
Je me tournai vers Aaron qui ne semblait pas y comprendre grand-chose, évitant tout de même son regard.
Après quelques secondes d’un nouveau silence je me décidai enfin à reprendre la parole.

-« Je vais chercher mes clopes dans le salon…… tu veux quelque chose ? » Demandais je sur un ton plus ou moins léger, tout de même emprunt d’une certaine gêne.
J’avais gardé les yeux collés sur ma main posée sur la clinche jusque là, et je décidai qu’après tout le regarder en face ne coûtais pas si cher, attendant la réponse.

Aaron avait patienté sagement, attendant que Lou prenne la parole, mais elle le fixa silencieusement. Lorsqu’elle quitta le lit, il poussa un léger soupire et se redressa pour la suivre des yeux se diriger vers un coin de la pièce. Après avoir farfouillé pendant un moment, elle revint vers le lit, son portefeuille dans ses mains et glissa les photos à leur emplacement d’origine.
Une chose était sûre, il ne toucherait plus jamais à ses affaires ! Elle devenait trop bizarre…
Il l’observa sans un mot s’éloigner de lui après avoir déposer son portefeuille sur la petite table de chevet sans lui adresser le moindre regard.
Putain ce genre de silence était vraiment super déstabilisant et il détestait ça. Pourquoi est-ce qu’elle le niait ?! Il essayait d’être sympa et il avait même essayé de faire de l’humour un moment ! Qu’est-ce qu’il lui fallait de plus ?!
Lou s’arrêta sur le pas de la porte et se tourna enfin vers lui pour lui demander s’il voulait quelque chose d’une voix qui ne lui ressemblait pas vraiment.
Alors finalement elle n’était peut-être pas en colère contre lui…bah alors qu’est-ce qu’elle avait ? Pourquoi est-ce qu’elle causait pas ?
Il la connaissait peut-être depuis quelques jours seulement mais depuis qu’il l’avait rencontré au Devil’s, il avait eu tout le loisir de se rendre compte qu’elle était un vrai moulin à parole et qu’heureusement pour lui, elle arrivait à faire la conversation pour eux deux.
Le jeune homme passa une main dans ses cheveux l’air songeur un instant pendant que Lou attendait sa réponse, posant son regard sur lui.

-"J’t’aurais bien demander de me ramener un steak mais après j’passerai sûrement pour un mec foutuement étrange." Lâcha t’il en esquissant un sourire qu’elle ne lui rendit pas.

Putain il était en forme décidemment ce soir !
Il enchaînait les blagues merdiques à une vitesse impressionnante…
Lou continua de le fixer, appuyé à la clinche de la porte, le visage impassible.
Et soudain, ce fut comme une révélation ; Lou était triste !
Lou avait des sentiments comme tout le monde et en ce moment elle était triste. Et en plus c’était de sa faute. Il n’aurait pas du fouiller dans ce putain de portefeuille. Quel con.
Il fallait qu'il agisse en homme digne de ce nom et qu'il fasse un truc gentil pour se rattraper d'avoir...fait ce truc qui l'avait blessée.
Restait plus qu'à savoir quoi...

-"J’ai pas sommeil et j’crois qu’une clope serait la bienvenue." Lança t’il en cherchant l’inspiration dans les traits de la jeune femme dont le visage était éclairée par la lumière du couloir. "Et puis le lit est froid maintenant que t'es plus dedans." Ajouta t'il dans un sourire avant de se traîner au bord du matelas et de se lever pour la rejoindre, espérant qu'elle n'allait pas l'envoyer bouler en lui disant qu'elle voulait être seule.

Pendant un instant je fus réticente à ce qu’il m’accompagne au rez-de-chaussée. J’aurais voulu m’isoler et ressasser ma foutue vie en paix pour pouvoir pleurer sur mon sort en tout tranquillité.
Mais encore une fois, pourquoi se rendre triste exprès ? Quel plaisir j’allais trouvé a rester seule dans le sombre et le froid de la cuisine et me rendre malade toute seule ?
Je dus tout de même me forcer et après avoir pris une longue inspiration, ma main crispée sur la clinche de la porte, j’acquiesçai enfin.

-« Ok » Lâchais je simplement alors qu’Aaron me rejoignais dans l’embrasure de la porte.
Je l’observai un moment, un peu hésitante, me rendant compte que je bouchais le passage à rester planté là.
Je me retournai donc et me dirigeai sans l’attendre vers les escaliers que je dévalai en vitesse avant de pénétrer dans le salon et d’allumer la lumière.
Dans un regard circulaire je repérer mon paquet de Malboro et l’agrippai pour en caler une au coin de mes lèvres.
Non loin, Aaron s’affairait dans la cuisine. Je m’avançai vers la porte, actionnant le briquet presque vide pour allumer ma clope.
Une fois dans l’embrasure de la porte je m’accoudai à celle-ci, le silence s’étant installé.
Apparemment il avait faim.
Moi j’étais complètement nouée, je n’aurais rien su avaler.
J’avais complètement plombé l’ambiance avec ma petite crise et d’un côté je m’en voulais même si me souvenir d’Aaron, mes photos entre les mains, me donnait envie de frapper dans les murs. C’est vrai qu’il n’avait rien à glander avec mon portefeuille en main, mais en même temps il ne pouvait pas savoir.
J’étais donc partagée entre la rancoeur à son égard, et celle au mien.

Je restai là un moment a l’observer sans vraiment le voir, fumant ma cigarette avec lenteur.
Puis après avoir passé une main sur mon front je fixai mon regard sur Aaron.
-« Il s’appelait Julian »

C’était sortit tout seul sans que je ne le commande vraiment, comme si cette phrase attendait au seuil de mes lèvres que je desserre les dents pour s’échapper.
Je sentis mes joue chauffer et baissai les yeux sur le carrelage glacé et claire tout en me mordillant la lèvre et en secouant le pied avec nervosité.

Aaron avait descendu les marches à la suite de Lou d’un pas beaucoup plus traînant. Il l’avait observé se diriger vers le salon pour prendre ses clopes mais lui avait finalement opté pour la cuisine. Evidemment, il n’allait pas se prendre le steak qui l’avait tant fait salivé mais il s’autorisa de finir les restes du dîner. Evey allair probablement râler mais tant pis, il avait trop faim.
Il se saisit donc du plat de hachis qui traînait dans le frigo et le déposa sur la table avant de refermer la porte et de se diriger vers les placards pour se sortir des couverts et un verre. Il alla mettre le plat dans le micro-onde et sortit deux tranches de pain de mie histoire d’accompagner son pique-nique improvisé.
Depuis quelques instants, Lou l’avait rejoint, une clope coincée entre ses lèvres. Elle ne disait rien et avait le regard perdu dans le vide.
Putain de merde il détestait la voir comme ça !
D’habitude elle était tout le temps en train de courir partout, d’aboyer des ordres, de rigoler, de faire l’idiote…enfin elle était…Lou quoi.
Aaron détourna les yeux et se concentra sur son plat pour ne plus avoir à regarder le visage sombre de la jeune femme. Il avait vraiment merdé en regardant ces putains de photos !
Ca avait apparemment réveillé de mauvais souvenirs chez elle et maintenant il ne savait plus comment s’y prendre pour lui redonner le sourire.
Peut-être qu’il devait lui poser des questions ? Non elle ne voulait sûrement pas en parler. Lui il n’aurait pas voulu en parler. Seulement Lou n’était pas lui, loin de là et il la connaissait trop peu pour savoir comment il devait agir avec elle. Le mieux ça aurait été d’aller réveiller Evey et de lui demander conseil mais…ça n’était évidemment pas possible.
Mais soudain, Lou lui épargna une plus longue torture de ses méninges en lâchant une phrase toute bête qu’il mit un moment à comprendre.
Il s’appelait Julian.
Ca n’était jamais bon quand on parlait de quelqu’un au passé…
Aaron poussa un petit soupire et il se recula jusqu’à sentir le plan de travail derrière lui. Il s’y appuya nonchalamment et observa Lou longuement. Elle semblait mal à l’aise et avait du mal à soutenir son regard, préférant de loin observer le sol carrelé de la cuisine.
Après un court moment, voyant qu’elle n’en dirait pas plus, Aaron décida de rompre le lourd silence qui s’était insinué dans la pièce.

-"C’était ton petit ami ?" Demanda t’il d’un ton calme, même s’il connaissait déjà la réponse.

A la question du jeune homme, je ne répondis pas tout de suite, laissant mon regard flotter sur le carrelage, une vague de souvenir remontant à la surface, bons et moins bons.
Ces souvenirs étaient d’une précision cruelle et je pouvais revoir chaque visage, réentendre chaque mot comme si tout s’était déroulé la veille seulement.
Le bourdonnement sourd du micro onde qui réchauffait le plat était le seul son qui résonnait mis à part la lourde horloge qui cliquetait dans mon dos dans le salon.
Je soupirai avec lassitude et amertume, observant désormais la longue cendre qui menaçait de tomber de ma cigarette.
Soudain la sonnerie du micro onde me tira de mes songes et me fit sursauter.
Aaron, avec des gestes lents, sortit le plat du four pour le poser nonchalamment sur la table.
Il s’y assit lourdement et agrippa sa fourchette sans entrain, s’étant apparemment résigné à l’idée d’avoir une réponse un jour.
Après quelques dernières hésitations, je me dirigeai vers le tiroir à couvert pour l’ouvrir dans un bruit de ferraille.
Maintenant que j’étais dos au jeune homme, c’était soudainement plus simple de répondre.

-« C’était mon fiancé… mais… il est mort maintenant alors… » Lâchais je enfin d'une voix rauque, essayant d'adopter un ton plus ou moins détendu
J’haussai les épaules, me saisissant de la fourchette.
Voulant retarder le moment où j’allais me retourner, j’écrasai mon mégot dans l’évier et fit couler l’eau. Evey détestait que je face ça, … Julian aussi d’ailleurs.
Après êtres resté un instant immobile, observant l’eau qui s’engouffrait dans le siphon, je me retournai enfin et vint m’asseoir en face d’Aaron sans lui adresser un seul regard.
Je tirai le plat pour qu’il soit au milieu de la petite table et y plantai ma fourchette pour la garnir d’un peu de purée, juste histoire de faire un truc.

Faisant preuve d'une infinie patience, chose rare chez lui, Aaron laissa tout son temps à Lou pour répondre à sa question. Mais après un bon moment, voyant qu'elle ne répondait pas et alors que son plat le sonnait littéralement, il se décida à laisser tomber et alla s'installer à table sans grand entrain. le jeune homme commença à manger avec lenteur mais il s’aperçut bien vite qu’une fin de compte, il n’avait plus trop faim, et que le hachis avait un goût des plus fade.
Lorsque Lou se décida enfin à reprendre la parole pour répondre à sa question, il perdit complètement l’appétit et reposa sa fourchette sur la table. Même le steak ne lui disait plus rien...
Il avait d'abord pensé qu'un « désolé » serait de circonstance mais il s'était finalement retenu. Ce genre de formule toute faite était complètement merdique et personnellement, ça avait tendance à le mettre en rogne.
Aaron jeta un rapide coup d’œil à Lou qui se tenait devant l’évier puis il posa à nouveau son regard sur son assiette, mal à l’aise.
Il savait ce que c’était de perdre quelqu’un à qui on tenait. Putain il le savait même trop bien.
C’était quand même bizarre d’imaginer Lou fiancé au type qu’il avait pu voir sur les clichés. Il semblait tout…sage. Et puis c’était bizarre d’imaginer Lou fiancé à qui que ce soit tout court de toute façon.
Bordel il se sentait plus con que jamais, c’était chiant…
Il savait très bien dans quel état elle devait être en ce moment mais ne savait pas comment réagir avec elle. Lui quand il avait apprit la mort de Laferty, il avait détruit tout ce qui lui était passé sous la main et chaque fois qu’il y repensait, il avait une envie folle de recommencer. Mais Lou ne semblait pas animé de folie destructrice.
Elle semblait juste complètement…déconnectée.
Alors qu’il réfléchissait à une technique d’approche efficace, la jeune femme vint s'installer devant lui et il l'observa d'un air ennuyé. Elle tira l’assiette vers elle en prenant soin de ne pas croiser son regard et enfourna la fourchette qu’elle s’était prise dans sa bouche.
Aaron se racla la gorge discrètement et continua de la détailler en passant une main dans ses cheveux dans un geste nerveux.
Quelle chierie…
Putain et lui qui n’était pas foutu de trouver un truc à dire ! Quel sale connard !
Elle était là, assise en face de lui, son regard triste fixé sur le plat qui les séparait en train de s’empiffrer d’une purée immonde et lui il restait là passivement, à la regarder manger sans réagir !
Comment on était censé remonter le moral d’une fille dont le fiancé était mort ?
Il n’avait pas franchement de paroles réconfortantes en stock et de toute façon, quelque chose lui disait que dans ses circonstances, quoi qu’il puisse dire, ça paraîtrait débile et complètement déplacé. Alors quoi ? Il devait aller la prendre dans ses bras et lui dire qu’elle pouvait chialer sur son épaule si elle voulait ? Non ça aussi ça serait idiot et ça n’était pas le style de Lou.
Quoi que se fiancé, il pensait aussi que ça n’était pas le style de Lou…
Quelle connerie !
Un lourd silence s'était de nouveau installé entre eux et d'après les règles élémentaires du dialogue, c'était à son tour de l'ouvrir pour que la conversation se poursuive. D’autant qu’il voulait ne savoir un peu plus sur ce fameux Julian et qu’il se disait que faire parler Lou serait la meilleure chose à faire.
Laferty lui avait toujours dit qu’il fallait parler de ce qui n’allait pas et ne rien garder pour soit. Que ça ne faisait que rendre les choses plus durs et qu’on avait besoin de se décharger. Bon évidemment il n’avait jamais suivit son conseil, mais il lui semblait bon et malgré tout, Lou répondait à ses questions, au compte goutte certes mais tout de même, ce qui signifiait qu’elle avait apparemment besoin d’en parler.

-"Et comment c'est arrivé ?" Demanda t’il finalement en s’installant contre le dossier de sa chaise.

Ah c’était fin !
Vraiment très fin même ! Il aurait même du demander s’il y’avait eu du sang ou pas ou encore si elle avait beaucoup pleurer en l’apprenant. Ce genre de détails chouette qui n’allaient pas du tout faire tout remonter à la surface et lui donner envie de se tirer une balle…quel con.

La question provoqua en moi comme une décharge électrique qui me crispa les muscles et la mâchoire. Comme si ce n’était pas assez, un frisson glacé coura le long de ma colonne vertébrale et vint s’écraser douloureusement dans ma nuque.
Je dus me forcer pour avaler le peu de purée que je venais de mettre dans ma bouche et ce que j’avais déjà mangé sembla peser sur mon estomac comme si j’avas avalé une enclume.
Comment s’était arrivé ?
C’était là tout le noeu du problème.
La nuit où il était mort et la façon dont s’était arrivé avait radicalement changé nos deux vie à Evey et moi et m’avait finalement emmené a cet endroit précis, dans cette cuisine, à manger du hachis avec Aaron…
Avec une horreur grandissant, j’autorisai quelques flashes rapides à remonter à la surface.
Les ténèbres des bois. Les hurlements. La puanteur abominable de cette bestiole. Une puanteur qui resterait a jamais gravé dans ma mémoire. Une odeur putride et nauséabonde de cadavre en décomposition. Tous comme les gargouillements animaux du monstre que je n’avais jamais pu voir clairement malgré toute l’énergie que j’avais mis à le poursuivre a travers les arbres. A les poursuivre.
Mais il n’y avait rien eu à faire. Rien du tout malgré ma course effrénée et mes hurlements.
Tout ce qui m’était parvenu lorsque j’étais revenue à moi, c’était les cris d’agonies de Julian.
Je ne pu m’empêcher de pâlir à ses souvenirs, mon sang se glaçant toujours un peu plus.
Je coupai cours à tout ça et relevai mon regard vers Aaron, tenant de toute mes force de maîtriser ma voix.
Je me raclai la gorge et battis des paupières comme pour revenir à la réalité.

-« … accident de voiture » Soufflais je, prenant la première excuse qui me passait par la tête sans vraiment y faire attention, tenant tant bien que mal de repousser les assaut glacées de mes souvenirs.
Un silence passa encore où j’essayai de reprendre le dessus ou en tout cas de donner le change.
Je ne voulais plus en parler, d’ailleurs je n’aurais jamais di aborder le sujet et j’ignorais ce qui m’avait poussé a le faire.
Je l’avais fait dans une sorte d’instinct étrange que je ne me connaissais pas, poussé par un soudain sentiment de confiance. Mais le souvenir de cette nuit m’avait ôté tout autre envie à part celles de dormir ou de me saouler.
Je reposai doucement la fourchette et poussai un soupire.

-« Je vais me recoucher, … a tout de suite » Lui dis je avant de me relever et de quitter la cuisine sans un regard en arrière pour grimper ensuite les escaliers et retourner dans la chambre.
Je fus tentée de ressortir une nouvelle fois les petites photos de mon portefeuille mais finalement, j’optai pour la solution la plus simple : me plonger dans l’oubli du sommeil.

L'eau qui était tout d'abord brûlante devint tiède au fur et à mesure que les minutes s'écoulaient. Il ne pensait plus à rien, immobile sous l'eau clair qui coulait inlassablement sur son corps. Il était calme, complètement détendu, et son esprit était à des milliers de kilomètre d'ici. Les cauchemars qui avait peuplé sa nuit avaient définitivement quittés son esprit et seul l'eau le maintenant éveillé.
Putain c'qu'il était bien...il aurait pu rester des heures là-dedans…
Et il l'aurait sûrement fait si bien sûr, Lou ne s’en était pas mêlée !
Il entendit soudain qu’on tirait le rideau de douche sèchement et l’instant d’après, le visage rieur de Lou apparu devant lui. Il poussa une exclamation de surprise et essaya de reculer pour lui échapper, ce qui, dans une baignoire où le sol était glissant, était assez risqué. Mais après quelques moulinets peu glorieux des bras, il avait réussi à récupérer son équilibre, s’appuyant au mur derrière lui.
Une fois ‘sécurisé’, son premier réflexe fut de porter ses mains à son entre jambe pour tenter de masquer son anatomie à la jeune femme. Peut-être qu’elle l’avait déjà vue pas mal de fois mais là il n’était pas en condition et…et merde il prenait une douche tranquille pourquoi est-ce qu’elle faisait ça !
Les yeux brillant d’excitation et un sourire de pub de dentifrice aux lèvres, Lou le détaillait avidement de haut en bas.
Pendant un quart de seconde, il fut soulagé qu’elle ait retrouvé apparemment toute sa pêche mais l’instant d’après, il fut envahit par la colère.

-"Lou putain de merde casse toi de là !" S’emporta t’il en lui jetant un regard assassin.

Putain il était super bien et elle avait tout gâché à débarquer comme ça avec ses grands sabots ! Putain en plus il n’était franchement pas du matin et ce genre de blague ne l’amusait pas vraiment au réveil. A une ou deux heures près, il aurait pu en rire comme elle le faisait en ce moment.
En plus elle se foutait de lui ! Non alors là s’en était trop.
D’un geste rageur, il tira sur le rideau de douche pour le refermer et finir de se doucher tranquille…mais Lou n’était pas de cette avis et elle semblait en forme ce matin.
Elle ouvrit à nouveau sur le rideau de douche et il poussa un grognement féroce en fronçant les sourcils histoire de bien lui montrer que si elle recommençait, elle allait devoir subir son terrible courroux.
Une fois qu’il eu refermé à nouveau le rideau elle le laissa tranquille et se mit à parler. A cause de l’eau qui coulait à nouveau sur son visage, il n’entendit rien et de toute façon, ce qu’elle avait à dire ne l’intéressait pas.
Tout en ruminant, il se doucha dans les règles de l’art en vitesse puis coupa enfin l’eau pour sortir.
Aaron tira le rideau et découvrit Lou, sagement installée sur le meuble de la salle de bain. Il lui adressa un regard courroucé puis sortit de la baignoire pour aller se chercher une serviette rouge qu'il noua autour de sa taille.
Il revint ensuite vers Lou, la mine boudeuse et faisant exprès de la nier, il passa son bras sur la glace pour enlever la buée qui le recouvrait. Il observa un moment son reflet, coiffant ses cheveux mouillés qui lui tombaient négligemment sur le front vers l’arrière.

-"J't'ai réveillé ?" Lui demanda t'il soudain sur un ton plat, sans pour autant lui adresser un regard.

Tandis qu’Aaron passait son caleçon, tournant le dos à Lou, il l’entendit s’esclaffer bruyamment. Décidemment elle était en forme ce matin…non elle était même plus que ça, elle était complètement survoltée, folle.
Il tourna lentement la tête vers elle, le regard soupçonneux et tenta en vain de comprendre les raisons de son fou rire.
Bon ok il préférait la voir comme ça qu’en train de se morfondre sur une assiette de hachis dégueu mais tout de même…En plus là il avait l’impression qu’elle se foutait de lui ! Elle n’arrêtait pas de mater son cul en plus et…
Oh putain !
Ses craintes se révélèrent exact lorsque la jeune femme lui parla du tatouage qu’il arborait sur la fesse droite. Fais chiez !
Pourquoi est-ce qu’il avait fallut qu’elle voit ça bordel ! Elle allait plus le lâcher maintenant c’était sûr !!
Eric l’avait plus d’une fois fait chier avec cette saloperie de lapin à la con. Enfin après s’être mangé trois fois son poing dans la figure il avait arrêté de le surnommé lapinou et n’avait plus jamais abordé le sujet mais…ah non putain ! Il ne pouvait tout de même pas frapper Lou…Malgré ses attitude parfois très peu féminine, elle restait tout de même une fille et jamais il n’aurait levé la main sur une femme. Enfin si une fois il l’avait fait mais c’était une autre histoire.
Aaron sentit ses joues s’empourprer violemment et il se gratta le crâne nerveusement en jetant un regard ennuyé à Lou qui s’esclaffait toujours.

-"C’est...c’t’une longue histoire." Marmonna t’il d'un ton légèrement boudeur.

Quoi que, pas si longue que ça en fin de compte étant donné qu’il en avait oublié la moitié…

***
FLASH BACK
***

Allongé sur le sofa, Aaron ne pouvait plus s’arrêter de rire, son visage enfoui dans le creux de son bras droit replié sur l’accoudoir. Nikki qui se tenait près de lui, ses bras croisé sur sa poitrine avantageuse, observant ce que faisait le tatoueur (en fait c’était un boucher mais parfois il se dévouait pour travailler la chair différemment) avec une grande attention.
L’adolescent releva les yeux vers elle en calmant un peu ses éclats de rire et il tourna la tête en direction de celui qu’il surnommait Butch en raison de sa profession.

-"T’me fou pas n’importe quoi sur l’cul hein Butch ?" Demanda t’il d’une voix chevrotante avant de porter sa énième cannette de bière qu’il tenait dans son bras gauche qui jusque là pendait négligemment vers le sol poussiéreux, à ses lèvres, se tordant le cou et levant le coude pour parvenir à boire.

-"T’en fais pas, je suis sûre que ça te plaira mon ange." Lui répondit Nikki en lui adressant un clin d’œil malicieux.

Très sceptique, Aaron tenta de faire effectuer un 180 à sa tête pour réussir à voir ce qu’il tramait dans son dos, où là en l’occurrence sur son cul. Il ressentit soudain une vive douleur dans la fesse qui lui envoya une décharge douloureuse dans toute la cuisse et il plongea à nouveau son visage dans son bras pour camoufler ses grognements de douleur.

-"Arrête de gigoter crétin !" Le réprimanda sa petite amie de son ton sec habituel en s’approchant pour lui retourner une bonne claque à l’arrière du crâne.

Il encaissa sans broncher et se résolu à ne pas jeter un œil à ce qu’on lui faisait, du moins pour le moment. Quand Nikki disait quelque chose, il valait mieux aller dans son sens. Sauf si on ne tenait pas vraiment à la vie...

-"Putain ça pisse le sang." Fit elle soudain remarqué d’un ton mi-dégoûté, mi-fasciné.

-"De quoi ?! J’saigne ?!" S’écria Aaron en redressant la tête, essayant tout de même de voir s’il n’était pas en train de crever.

Après tout si c’était le cas, il n’avait plus rien à craindre de la sœur de Boomer. Mais à nouveau, elle lui envoya une claque à l’arrière du crâne et maintient sa tête enfoncée dans l’accoudoir ce qui le fit beaucoup rire.

-"C’est rien, c’est à cause de l’alcool. Prend lui donc sa canette." Ordonna Butch de sa voix grave.

L’adolescente s’exécuta et après s’être battu quelques instants pour la garder tout de même en riant comme un crétin, Aaron capitula et consentit à la lui laisser. Poussant un long soupire d’ennuis, il croisa les bras sur l’accoudoir et posa son menton dessus. Il se perdit alors dans la contemplation des longues jambes dénudée de sa petite amie qui se tenait près de lui et buvait dans sa canette.

-"Dis quand ça sera finit on pourra baiser ?" L'interrogea t'il sur un ton plat comme s'il lui avait demandé quelle heure il était.

-"Bien sûr." Répondit-elle dans un haussement d'épaules négligé sans lui adresser un regard, observant ce que le tatoueur lui faisait avec la plus grande fascination.

Deux minutes plus tard, Aaron ronflait paisiblement sur le sofa pendant que Butch finissait son oeuvre...

***

Aaron fut tirer brutalement du sommeil dans lequel il était plongé depuis des heures par une vive douleur. Il cru tout d'abord que c'était une énorme crampe qui venait de lui paralyser la cuisse droite mais c'était autre chose. Nikki venait de lui foutre une putain de claque sur le cul et bordel de merde ça lui faisait un mal de chien !

-"Debout grosse loque !" Lâcha Nikki au dessus de lui, satisfaite de son petit effet.

L'adolescent poussa un long grognement et referma ses yeux encore endormis qui étaient agressé par la lumière trop vive du vieux hangar où il se trouvait. Il avait mal au crâne, se sentait nauséeux, était courbaturé et saloperie de merde il avait mal au CUL !
Au prix d’un énorme effort, le jeune homme porta une main à son arrière train avec une extrême lenteur pour essayer de comprendre ce qui le brûlait comme ça. Mais avant qu’il ai pu y parvenir, Nikki dégagea sa main sèchement avant de donner un coup de pied dans l’autre qui pendait négligemment jusqu’au sol.

-"N'y touche pas crétin !" Le réprimanda t’elle avec son animosité habituelle. "Allez lève moi ce gros cul mon grand on a une truc à célébrer."

-"Quel truc ?" Baragouina t’il en commençant à peine à émerger.

-"T’es un vrai mec maintenant beau blond. Un pur, un dur et…un TATOUÉ !" Cria t’elle fièrement en se penchant vers son oreille, des fois qu’il soit sourd…

Il poussa un nouveau grognement agacé et lui balançant une flopée d’insulte qu’elle ne saisit pas étant donné que sa bouche était collée à l’accoudoir.
Soudain, ses souvenirs de la veille remontèrent à la surface. Tatoué ! Il était tatoué !
Aaron ouvrit grand les yeux et tenta de se tortiller dans le canapé élimé pour apercevoir son fessier, envahi par un profond sentiment d’angoisse. Voyant qu’il n’arrivait à rien comme ça, il se mit debout, ne prêtant pas attention aux éclats de rire de Nikki qui lui répétait qu’il allait adorer son choix. Evidemment, la connaissant, il en doutait !
L’adolescent se dirigea d’un pas maladroit vers le fond de la pièce où se trouvait un miroir et une fois devant, il tourna le dos à son reflet et baissa son caleçon pour découvrir la marque indélébile qui décorait maintenant sa fesse droite.
Il ouvrit de grands yeux effrayés et retint son souffle, la mâchoire pendante.
NON !
Non elle n’avait pas OSÉ !!!
Et pourtant…

-"Putain de salope de merde !" Eclata t’il en se tournant vers l’adolescente asiatique qui riait à gorge déployé, alors qu’il partagé entre l’envie de la tuer et celle de fondre en larme.

***
FIN DU FLASH BACK
***
Aaron poussa un long soupire agacé et jeta un regard coléreux à Lou qui riait moqueusement. Putain elle ressemblait à Nikki comme ça ! La minijupe rose bonbon et l’opulente poitrine en moins bien sûr.
Lou lui jeta un regard significatif, lui faisant comprendre qu’il ne s’en tirerait pas si facilement et qu’elle attendait une explication.
Bon après tout il avait regardé ses photos alors il lui devait bien ça. Et puis toute façon cette histoire était complètement stupide et bine moins intéressante qu’il n’y paraissait en fin de compte.

-"Je venais tout juste d’avoir quinze ans, j’étais con et naïf et ma copine qui était une salope qui adorait m’humilier m’a fait ce cadeau." Grogna t’il en fuyant son regard, se dirigeant vers l’évier près duquel elle se tenait pour attraper sa brosse à dent. "J’étais pas tellement sobre et elle m’a emmené voir un boucher qui traînait dans notre squatte et…et le lendemain j’avais cette saloperie de foutu lapin sur le cul." Conclut-il bougon en attrapant le tube de dentifrice, s’en mettant plein les mains. "Putain t’es une sale porc !" Grogna t’il en adressant un regard noir à Lou avant de passer sa main sous l’eau et d’entreprendre de se laver les dents.

A travers le miroir face à lui, il pouvait voir le regard amusé de la jeune femme se fixer sur son derrière. Putain elle allait pas le lâcher…

Mes yeux rivés sur ses fesses, je continuai de me bidonner tendis qu’il me donnait la brève explication de cette incroyable découverte.
Cet adorable petit lapin était donc le fruit d’une débauche quelconque dans un squatte avec un bouché et une salope… Pourquoi ça ne m’étonnait qu’a moitié ?
Je laissai passer quelques secondes puis levai enfin mes yeux vers le miroir pour rencontrer le regard courroucé du grand jeune homme.

-« Donc c’est pas ta faute… c’est celle de ta connasse d’ex copine, c’est ça ? » Demandais je sur un ton sceptique et moqueur « T’sais Aaron, si tu es bisexuel, je pourrai comprendre. J’ai pas l’air mais je suis une personne tolérante » Soufflais je dans un faux sérieux

Après un nouvel éclat de rire je bondis sur mes pieds sans prendre garde aux respirations coléreuses d’Aaron qui avait franchement l’air de vouloir m’égorger avec sa brosse à dent et j’ôtai ma petite blouse d’un seul geste pour la laisser tomber sur le sol.
J’entrai ensuite dans la baignoire et refermai partiellement le rideau clair, n’étant pas du tout pudique de nature.
J’enlevai ensuite mon boxer et passai la tête hors du rideau pour balancer mon sous vêtement sur l’arrière de la tête d’Aaron, histoire de l’énerver encore un peu plus.
Je ne pus entendre ce qu’il marmonna car je tournai les robinets pour alors sentis la cascade d’eau tiède s’abattre sur mes épaules nouées.
Je levai le visage pour faire face au jet et mouiller mes cheveux courts, les plaquant en arrière.
Après avoir agrippé la bouteille de shampoing je tournai un regard malicieux vers le petit bout de miroir que je pouvais voir pas l’ouverture du rideau.

-« Tu vivais dans un squatte alors ? T’étais quoi ? Un clodo ou un truc du genre ? » Demandais je sans préjugé.
En même temps, entre vivre dans un squatte et vivre dans la maison de mon enfance et de mon adolescence, il n’y avait pas grande différence.
Etant la seule fille sur sept personnes, les autres étant des spécimens masculins plus que négligent et macho, j’avais du m’habituer à la crasse, n’étant pas du type ‘fée du foyer’

Après avoir craché une dernière fois dans l'évier, Aaron essuya sa bouche d'un revers de la main et il rinça l'évier sagement pour éviter que Laferty ne lui gue...enfin comme il lui disait souvent de le faire.
Il s’attarda un moment à observer les formes généreuses de Lou dans le miroir. Elle n’avait pas complètement tiré le rideau de douche et…franchement c’était tant mieux.
Sa réflexion sur le fait que s’il était bisexuel, c’était pas un problème pour elle, lui était définitivement passé au dessus de la tête maintenant.
Pendant qu’elle se lavait, il quitta la salle de bain d’un pas nonchalant pour aller dans la chambre récupérer des fringues à se mettre sur le dos. Il fouina dans sa commode un court moment et sortit un jean clair qu’il enfila en vitesse avant de se saisir d’un t-shirt rouge et gris.
Il l’enfila en retraversant le couloir pour retourner dans la salle d’eau mais en se faisant, il manqua de renverser Evey qui passait par là, et du faire une embardé pour éviter le jeune homme.

-"Hey fait gaffe Aaron !" Le réprimanda t’elle en lui adressant cette petite moue boudeuse qu’elle faisait tout le temps.

Il la détailla de haut en bas, les sourcils froncés dans une expression curieuse en remarquant qu’elle portait sa veste beige.

-"Tu vas quelque part ?" Demanda t'il en tirant sur son t-shirt pour terminer de l'enfiler.

-"A la bibliothèque. Mme Perrine, la bibliothécaire dont je t'ai parlée la dernière fois. Celle qui porte des grosses lunettes roses démodées et est aussi accueillante qu'une porte de prison." Expliqua t'elle avec une légère grimace alors qu'Aaron acquiesçait docilement bien qu'il n'ait pas la moindre idée de quoi elle lui causait. "Et bien elle m'a prévenue hier que j'avais le poste !" Répondit-elle avec excitation, laissant sa moue de côté pour lui adresser un large sourire triomphant.

-"Ah c'est cool." Répliqua t’il en lui rendant son sourire.

Qu'ils aient une rentrée d'argent était vraiment une bonne nouvelle. Jusqu'à hier, Aaron ne s'était pas vraiment soucier des soucis d'argent. Seulement la veille, il avait trouvé une charmante lettre dans la boîte qui lui demandait de bien vouloir verser une somme, qui lui paraissait complètement aberrante, à l'état. Si ça continuait comme ça ils allaient tous devoir mettre la main à la patte…
Aaron n’avait jamais travaillé de toute sa vie. Du moins il n’avait jamais gagné sa vie honnêtement.

-"Bon je file, je commence aujourd’hui et il ne faudrait pas que je sois en retard. Tu préviens Lou pour moi ?" Demanda t’elle en se dirigeant déjà vers les escaliers d’un pas pressé.

Il hocha la tête vigoureusement et après lui avoir adressé un sourire emprunt d’excitation, elle tourna les talons et dévala les marches pour quitter la maison.
Sacré Evey…elle allait s’enfermer dans une bibliothèque et…et ça lui faisait plaisir !
Comment pouvait-on aimer être entouré de livre ? Incompréhensible.
Mais bon elle était adorable alors il lui pardonnait cette faute de goût.
Un sourire mystérieux flottant sur ses lèvres, Aaron poussa la porte de la salle de bain où l’eau s’écoulait toujours.
Il retourna devant la glace et alors qu’il commençait à essayer de dompter ses cheveux rebelles, la voix de Lou s’éleva, lui demandant s’il était toujours là. Il manifesta sa présence par une sorte de grognement, ne détachant pas son regard de son propre reflet. Il vit Lou passer sa tête mousseuse par le rideau pour lui jeter un rapide coup d’œil, plutôt agacé, et laissant échapper un rire, il se tourna vers elle.

-"Putain comme t’es sexy Lou." Fit-il remarquer d’un air moqueur.

Elle lui passa la langue et retourna sous le jet d'eau en lui demandant s'il avait oui ou non déjà vécu dans un squatte. D'après la formulation de la question, ça n'était pas la première fois qu'elle la lui posait. Il en déduisit que la jeune femme avait du déjà le lui demander pendant qu'il s'était éclipsé vers la chambre pour s’habiller.
Tirant ses cheveux dans tous les sens pour essayer de les faire tenir convenablement, il lui répondit en poussant sur sa voix pour que Lou puisse l’entendre malgré l’eau qui coulait.

-"J’ai pas mal bougé ouais. Y’a encore quelques temps je vivais dans une vieille usine abandonné pas trop loin d’ici avec des potes." Expliqua t’il d’un air détaché, même si son estomac recommençait à se nouer comme à chaque fois qu’il repensait à ses amis. "D’ailleurs, si tu veux tout savoir, c’est la première fois que j’reste autant de temps dans c’te baraque. Enfin volontairement je veux dire. Parce que y’a une fois où j’ai été obligé d’y rester pendant plusieurs mois mais c’est une autre histoire." Abrégea t'il, ne souhaitant pas aborder avec Lou le sujet épineux de sa convalescence chez Laferty. "J’crois que t’as dis que tu venais de Reno toi c’est ça ? C’était cool là-bas ?" Demanda t’il en s’examinant sous tous les angles alors que Lou coupait enfin l’eau.

Il tourna la tête vers elle et en parfait gentleman qu’il était et lui tendit une serviette qu’elle noua autour d’elle avant d’enjamber la baignoire pour en sortir.

En m’enroulant dans ma serviette, j’haussai une épaule en réponse à la question du jeune homme.
-« C’est pas que c’était cool, c’est juste que c’était chez nous » Fis je, évasive, tout en me rappelant les large rue ensoleillée et les petits jardins encombré devant les minuscules maison plein pieds de mon quartier pourri non sans une certaine nostalgie.
Un léger sourire se dessina sur mes lèvres.
-« On était plutôt entassé chez moi… » Expliquais je en me rendant soudain compte que mes frères me manquaient tous autant qu’ils étaient.
-« Sinon c’est comme partout : Pouilleux »

Maintenant que la douche était coupée, je pouvais entendre l’incroyable silence de la maison.
Je fronçai les sourcils, intriguée de ne pas entendre le bruit de l’aspirateur, de la musique, de la télévision ou du micro onde.
-« Evey s’est barrée ?! » Demandais je en me tournant vers le grand blond
Il me fit oui de la tête d’un air un peu distrait.
Je me glissai dans le couloir comme pour m’assurer de la véracité de ce fait, et lorsque ce fut fait, après quelques regards du haut de la mezzanine, un sourire malin se dessina sur mes lèvres.
Doucement je me tournai vers la porte de la salle de bain et y retournai à pas de loup.
Aaron était désormais tout habillé. Quel gâchis.
Remarquant que je l’observai avec insistance il se tourna vers moi, le regard interrogateur. Je souris encore et haussai les sourcils.
-« Et si tu me remontrais n peu ce tatouage » Proposais je alors qu’il me jetai un regard agacé « Bon d’accord ne me le montre pas » Soupirais je en m’avançant vers lui. « Mais si tu me le remontre… je t’autoriserai à me tenir compagnie dans ma serviette » Lui susurrais je ensuite alors que j’étais maintenant tout contre lui.
Semblant enfin comprendre l’allusion, il me rendit mon sourire. Sourire qu’il ne put prolongé puisque je vins coller mes lèvres aux siennes.