Le coup brusque du frein réveilla Dean qui s'était endormi dans la voiture. Il fut propulsé en avant et se frappa la tête contre la paroi grillagée de la voiture. Il maugréa un juron et tenta de remonter ses mains menottées à son nez pour voir s'il ne saignait pas. Personne ne prit la parole et les trois policiers se trouvant dans la voiture sortirent les uns après les autres. Un grand type noir baraqué ouvrit la portière droite et attrapa Dean par le col de sa veste.
Comment avait il atterrit ici ? Ca c'était une excellente question.
Ca remontait à environ deux jours. Bobby l'avait appelé pour une affaire de possession démoniaque. Lui, pas vraiment disponible à aller botter le cul d'un démon, et ruminant le départ de Sammy, avait d'abord refusé. Mais Bobby se pointait inlassablement à la baraque et n'arrivant pas à le convaincre il s'était ramené, il y a donc deux jours, avec Charlie. Bien que la jeune femme était plus jeune que lui, elle lui avait mis une grosse pêche dans la figure, lui ordonnant de se remuer les fesses un peu, et que ce n'était pas en restant béant comme un atrophié du cerveau que Sam reviendrait. Finissant par céder, il se dit qu'après tout, ce n'était pas une si mauvaise idée de raviver la flamme de la chasse qui s'était éteinte. C'était tellement bien dit, qu'il s'était convaincu lui-même.
Il lui fallut moins de vingt quatre heures pour détecter le démon et le suivre le soir même. Le démon s'était apparemment approprié une vieille baraque en ville et, attendant dans l'Impala qu'il daigne enfin sortir, Dean pénétra dans la maison et traça le fameux cercle d'emprisonnement démoniaque. Il s'installa ensuite sur un vieux siège en bois et attendit patiemment le retour du démon. Ce dernier pointa le bout de son nez durant la nuit et, au grand malheur de Dean, ne tomba de suite dans son piège. Il fut violement projeter contre les parois de la vieille demeure et réussit, grâce par Dieu ne sait quel miracle, à lui tirer dessus, avec le colt se trouvant dans sa ceinture, et à le toucher. A ce stade, Dean n'avait jamais vu la tête de l'homme qui avait été possédé. La seule chose qu'il savait avec précision était qu'il était…un homme. Mais la lumière la Lune et des quelques lumières qui éclairaient faiblement la pièce, lui suffirent alors à découvrir l'identité de la personne. Car oui, il le connaissait et pas qu'un peu. C'était le Sheriff de la ville, O'Doneil.
Mais c'était peine perdue pour lui, et l'exorciser serait fatal. Dean attrapa le vieux bouquin relié de son père, et le feuilleta rapidement pour trouver la formule latine. Il se bloqua un moment, se rappelant que c'était Sammy qui récitait toujours le latin parce que lui avait de sérieux problème de prononciation. Enfin bref, il récita donc ce charabia qui n'avait aucun sens pour lui et le démon fut absorbé par le cercle, retournant ainsi en Enfer.
Pour le Sheriff ce fut fatal et il mourut sur le coup, avec des dizaines de blessures qui apparurent sur son corps. Ces blessures, que le démon avait cumulées et dont il s'était automatiquement soigné, réapparaissaient sur le cadavre.
Dean récupéra son sac et ne prit pas la peine d'effacer toutes les preuves. Au moment même où il allait s'avancer vers la porte de sortie, les phares de polices s'allumèrent et l'éblouirent. Une voix portée par un haut-parleur, lui demanda de lever les mains bien hautes et de ne pas bouger. Là…Il était cuit….
Le grand type noir qui l'avait tiré jusqu'à là salle d'interrogatoire entra dans la pièce suivit d'une femme blonde de taille moyenne qui portait un tailleur noir strict. Le policier lança alors un dossier beige sur la table, juste devant Dean et se posta en face de lui, l'air sévère, les mains posées sur la table.
"Alors Monsieur Winchester dites nous tout…"
"Ok, ok…Je le confesse. J'ai volé une bombe de crème au fromage à l'épicerie de la station essence il y a deux semaines. J'suis désolé, je rembourserais."
"Vous vous croyez drôle peut être ? Vous n'êtes pas en position de faire le mariole monsieur Winchester."
Dean ne répondit pas, et le type se releva, ouvrit le dossier et lui présenta. Il se mit ensuite à faire le cents pas dans la salle et il se mit à réciter :
"Vous êtes recherché par cinq états pour abus de confiance, vole, violence, fuite, affront, séquestration, tentative d'homicide, homicide et j'en passe et des meilleurs. Et là, quand enfin vous semblez avoir repris une vie normal à Cleveland, vous kidnappez le Sheriff et vous le tuez !"
"Ben en faite je l'ai pas vraiment enlevé…Je l'ai vu il y a quelques jours seulement…Et puis soyez pas aussi frustrer, c'est pas parce que les Spurs ont battu Cleveland en NBA qu'il faut vous excitez sur un pauvre garçon innocent et affreusement séduisant !" répliqua-t-il en faisant un sourire en coin à la jeune femme qui se tenait à l'écart dans un coin de la pièce.
Le lieutenant de police frappa alors la table avec ses deux points avec une force hallucinante et se mit à hurler sur Dean :
"Vous croyez vous suffisamment sortis d'affaire pour pouvoir vous amusez avec mes nerfs monsieur Winchester ? Je suis l'inspecteur Trish, et figurez vous que j'enquête sur vous depuis pas mal de temps."
"Tiens donc, je ne savais pas que les mecs aussi enquêtaient sur moi…Vous êtes gay monsieur ?"
Trish ouvrit grands ses yeux et commença à trembler de tout ses membres, comme s'il allait d'un moment à l'autre sauter sur Dean pour l'étrangler. Il poussa un cri et se rua vers la porte qu'il claqua d'un seul coup. Dean prit une mine étonnée et désignant la porte du pouce, il demanda à la jeune femme :
"Il a des hémorroïdes ou quoi ?"
La jeune femme hocha la tête en regardant le jeune homme assis sur la chaise. Puis elle sortit de l'ombre de son petit coin et s'avança lentement vers lui.
"Vous savez, Trish n'a pas tord monsieur Winchester…"
"Appelez moi Dean voyons…"
"Je ne préfère pas…Je disais donc. Vous êtes dans la merde. Vous y êtes jusqu'au coup et vous ne vous en sortirez pas avec une pirouette."
Pour la première fois depuis le début, Dean perdit son sourire et baissa la tête légèrement, regardant alors ses mains. Là elle marquait un point. Tout seul, il n'y arriverait pas. Il souffla, et laissa de longues secondes s'écouler dans un silence de mort. C'était le moment de passer au plan B.
"Est-ce que ça va monsieur Winchester ?"
Il avala bruyamment sa salive et marmonna :
"J'voudrais appeler mon avocat."
"Qu…Quoi ?"
"Ben quoi ? J'ai des droits hein ! J'veux appeler mon avocat ! J'ai le droit à un coup de fil, et je VEUX APPELER MON AVOCAT !!!"
"Oui oui ben... vous excitez pas…"
La jeune femme farfouilla dans la poche de sa veste et sortit un téléphone portable qu'elle lui tendit ensuite. Dean la remercia d'un signe de tête et tapota le numéro avant de mettre avec difficulté le téléphone à son oreille, à cause des menottes.
Une sonnerie…
Deux sonneries…
Pitié décroche.
Trois sonneries…
Quatre sonneries…
"Allo ??? Oui euh…heum…C'est monsieur Winchester. Je suis en prison là…Enfin non au commissariat quoi. Hein ? Euh ben oui…Oui c'est ça Maître, je suis dans la merde… Oui Maître, vous m'aviez prévenu… Oui je sais…Non mon frère n'est pas là…Non…Oui…Un ? Je ne pense pas que…Bon Maître c'est vous qui décidé. Ok…Waip…À de suite…"
Il raccrocha et lança le cellulaire à sa propriétaire qui le regardait avec un sourcil arqué. Puis Dean fit un signe de tête vers la porte de sortie en souriant. Maintenant plus personne ne pouvait lui adresser la parole jusqu'à ce que son avocat arrive. C'était la procédure, et il voyait très mal rester de longues minutes à regarder la jeune femme dans le blanc des yeux sans rien dire. Saisissant le message, elle sortit de la salle, laissant le jeune homme seul.
"Dean réveille toi…Dean…DEAN !"
"C'EST LA GUERRE !"
"Punaise t'es malade d'hurler comme ça !"
"Désolé c'est un réflexe quand on me réveille brusquement"
Charlie secoua la tête et fit le tour de la salle en jetant des regards un peu partout comme si elle faisait des recherches archéologiques. Elle se tourna alors vers lui et lui lança les clés des menottes. Elle avait du les voler en arrivant lorsque Trish avait du l'accueillir lorsqu'elle s'était présentée comme Maître McLane. Charlie avait pour habitude de toujours emprunter les noms des personnages de Bruce Willis pour frauder. Apparemment, elle avait trop regardé Die Hard. Puis elle refit le tour de la salle en regardant le plafond, ses doigts tapotant son menton.
Dean se détacha enfin et se leva. Pour se mettre à côté d'elle et regarder d'un air sceptique le plafond, se demandant ce qu'elle glandouillait. Puis elle s'arrêta de nouveau, et attrapa la chaise qui se trouvait en face de la table, sans quitter un point qu'elle fixait sur le plafond.
Elle plaça la chaise en dessous et tout en grimpant dessus, elle se mit à dire :
"Tu sais Dean que j'en ai marre de te sortir de crasse dont les lesquelles tu te fourres. J'ai une vie MOI" Elle plissa ses yeux et tira sur un petit truc qui dépassait du plafond, ce qui fit sortir les fils. Elle farfouilla dans sa poche et sortit un briquet.
"Dis tout de suite que tu étais en train de t'envoyer en l'air et que je te dérangeais." Susurra Dean en ricanant.
Charlie ouvrit le briquet et la flamme eut à peine le temps d'effleurer de détecteur, que toute la salle fut plongée sous une averse d'eau avec une alarme retentissante, puis elle sauta de la chaise.
"C'est pas la question, je voudrais que t'essayes de faire gaffe à toi, j'en ai marre de jouer ton bouche trou."
"Mon bouche trou?"
"Tu m'as parfaitement comprise. Tu veux remplacer Sam par moi, mais moi je n'ai pas envie de vivre pour toi. Alors t'es gentil ces conflits fraternels tu les règles au plus vite."
Un long silence s'installa. Dean fit volte face et attrapa l'extincteur qui se trouvait au fond de la salle et revenant vers Charlie, il ajouta d'un ton triomphant :
"C'est bien ce que je dis, tu t'envoyais en l'air."
Charlie secoua la tête, consternée et elle tourna les talons pour se diriger vers la porte, Dean sur ses pas. Elle se pivota légèrement sa tête pour voir s'il suivait, il acquiesça d'un signe de tête, et lorsqu'elle ouvrit la porte, il la doubla et ouvrit alors la valve de l'extincteur dans le couloir, enfumant le chemin. Puis ils se mirent à courir à travers le commissariat, embaumé dans l'eau et les fumées d'un feu imaginaire.
Sortant enfin à l'air libre après des coups de coudes et de poings donnés en douce, Dean prit une profonde inspiration, et souffla et cherchant sa voiture des yeux. Charlie resta postée en bas des marche du commissariat et laissant échapper un soupire lui lança ses clés de voiture.
"Allez vas y prends là…Je rentrerais en bus. Mais elle s'appelle Revientsanségratignure ok ?"
"Ok ok…"
"Et n'oublie pas d'aller parler à Sam."
"Hum…"
Elle esquissa un léger sourire, et s'en alla dans la rue, les mains enfoncées dans les poches de son blouson. Dean descendit rapidement les marches et ouvrit la portière de la voiture, regrettant amèrement déjà sa chère Impala. Mais ça faisait trop d'aventures pour aujourd'hui…Il irait la voler demain à la fourrière.